Une délégation de la mission s’est rendue au Technocentre de Renault, dans lequel travaillent près de 9 000 salariés chargés de concevoir les futurs véhicules de la marque au losange. Plusieurs salariés se sont suicidés sur ce site, ce qui a d’abord conduit les médias, puis les élus, à s’y intéresser


DSC01196 300x200 Visite du Technocentre de Renault à Guyancourt le jeudi 25 mars 2010

La délégation a rencontré longuement le directeur du centre, Bernard Ollivier, en poste depuis avril 2007, qui a eu pour tâche prioritaire de remédier au mal-être de ses salariés. Il a présenté les principales actions mises en oeuvre en ce sens : la charge de travail des équipes est désormais mieux évaluée, des responsables RH de proximité ont été nommés et une journée par an est consacrée à des discussions, au sein des équipes, sur l’organisation du travail ; deux mille managers ont été formés à la gestion du stress et à la détection des personnes en difficulté ; les horaires d’ouverture du centre ont été réduits (7h-20h30 au lieu de 5h30-22h30) ; enfin, l’entreprise finance des consultations chez un psychologue pour les salariés qui en ressentent le besoin.

La délégation a ensuite pu s’entretenir avec un manager, un responsable RH de proximité et un médecin du travail, qui ont précisé comment ces mesures se déclinent concrètement sur le terrain.

Elle a enfin rencontré des représentants des différentes organisations syndicales implantées sur le Technocentre. Ceux-ci ont regretté que les mesures mises en œuvre n’aient pas transformé en profondeur l’organisation du travail : les salariés restent, en particulier, soumis à une forte pression pour tenir les délais qui leur sont imposés, ce qui les conduit à accomplir beaucoup d’heures supplémentaires. Une commission paritaire direction-syndicats avait été mise en place, à la suite des suicides survenus sur le site, pour réfléchir aux mesures à prendre, mais elle a cessé de fonctionner au bout d’un an, certaines organisations syndicales considérant qu’elle avait pour effet de contourner le comité d’entreprise et les comités d’hygiène de sécurité et des conditions de travail (CHSCT).

Même si les syndicats estiment qu’elles ne sont pas allées assez loin, les actions entreprises depuis 2007 ont apparemment permis d’améliorer la situation sur le Technocentre, comme les deux enquêtes effectuées par le cabinet Technologia, en 2007 et en 2009, semblent l’indiquer.

La délégation regrette toutefois que la visite du site, initialement prévue dans son programme, n’ait pas eu lieu, faute de temps, alors qu’elle était le seul moment où les sénateurs auraient pu dialoguer de façon informelle avec des salariés, et a été surprise que le temps de parole des délégués syndicaux soit strictement minuté par un représentant de la direction.