L’adhésion à des valeurs, ou à des principes moraux, s’appuie sur des symboles et des rites. L’une des premières préoccupations de la République fut de créer de tels symboles pour remplacer ceux de l’Ancien Régime. De là nous viennent notre devise, notre drapeau, certaines fêtes. Ces moments de célébration ont toujours été des moments de rassemblement autour d’idéaux et valeurs communs.
Pensez-vous, de manière générale, que de tels symboles et « rites républicains » sont toujours nécessaires ou utiles ? Quelle forme doivent-ils prendre aujourd’hui ? Aident-ils à conforter les valeurs républicaines et patriotiques ?
Depuis le vote des grandes lois scolaires de la troisième République, l’école a toujours été le lieu où s’est formé le sentiment d’appartenance à la République française. Pensez-vous que les écoles, collèges ou lycées peuvent plus fréquemment accueillir des cérémonies républicaines ? Les symboles républicains doivent ils avoir leur place dans une salle de classe ?
En 2001, à l’occasion d’une grande manifestation sportive au stade de France, l’interprétation de La Marseillaise avant le match est perturbée par des sifflets venus du public. Notre droit réprime-t-il aujourd’hui suffisamment, les atteintes au respect dû aux symboles républicains et nationaux ? Pourquoi certaines des personnes qui résident sur notre territoire, dont beaucoup sont nos compatriotes, cèdent-elles à cette forme de “haine de soi”, en l’espèce de manifestation de mépris pour la France ?
Dav Lab // 5 mar 2015 à 11:48
Je crois à l’importance des symboles et aux rites collectifs, mais ils ne peuvent pas être le socle principal de la Nation. Les lacunes d’un Etat à la vision court-termiste combinées à des failles inacceptables dans l’exemplarité de certains élus vident de leur sens certains symboles républicains (égalité, méritocratie, égalité de traitement…).
Poser la seule question du « désamour » des français envers leur Nation et ses symboles est trop superficielle. Il faut repenser en profondeur le rôle de l’Etat et des services publics. Il est également nécessaire de se replonger dans le fonctionnement institutionnel de notre pays.
Un profond travail de rénovation des institutions doit être initié au plus vite afin d’éviter que le lien entre la nation, les élus et les citoyens ne se brisent définitivement. En résumé, je ne pense pas que l’adhésion aux symboles de la République peut être renforcée sans rénovation de nos institutions et exemplarité dans l’exercice du pouvoir.
Cordialement.
DL
(Répondre)
CA CL // 5 mar 2015 à 18:17
Je suis élève au collège et pour moi les valeurs du respect des autres et du matériel n’est pas respecté. Prenons exemple sur les professeurs qui n’ont pour certains plus d’autorité ou qu’il ne font que écrire sur le tableau et réciter des leçons par cœur, au lieu de nous apprendre les valeurs du respect et du travail.
Pour moi la solution est simple redonner plus de pouvoir aux professeur et reconnaître leur savoir et leur autorité.
Il faut que chaque élève puisse argumenter sur des sujets : comme la République, l’actualité… donc mettre des cours de débats.
Le retour à l’uniforme lui est justement à débattre entre les élèves et leurs parents.
J’espère que mon témoignage vous sera utile pour prendre des décisions concrètes pour l’école de la République
CC
(Répondre)
Yves Le Bihan // 6 mar 2015 à 8:53
ÉGALE, par son action, fait inscrire la devise républicaine sur la façade de l’école publique à Saint Philibert (Morbihan)
L’inauguration de la pose de la devise républicaine s’est déroulée vendredi matin en présence du sénateur Michel Le Scouarnec qui a été instituteur dans cette école de 1982 à 1987.
Aussi étonnant que cela puisse paraître, la devise républicaine « Liberté, Égalité, Fraternité » ne figurait pas sur le fronton de l’école Pierre-Jakez Hélias. Yves Le Bihan, de l’association Égale (Égalité, laïcité, Europe) s’en était ému. Il avait fait part de son étonnement lors d’une réunion publique à l’occasion des municipales.
Réparer l’oubli
Le candidat François Le Cotillec s’était engagé à réparer l’oubli s’il était élu. La promesse de campagne est devenue réalité. Yves Le Bihan était loin d’imaginer que la pose de la devise se déroulerait en plein mouvement de renaissance de la solidarité républicaine suite aux récents attentats. Et deux semaines seulement après le rappel de Najat Vallaud-Belkacem sur les rites (hymne national, drapeau, devise) et les symboles que l’école doit avoir. « La loi interdit l’injure, l’appel à la haine, au meurtre, mais elle autorise la caricature et la critique de croyances ou d’opinions. Voilà ce qu’est la liberté d’expression », a-t-il rappelé avant d’offrir le « Dictionnaire de la laïcité » à Emmanuelle Mercier, la directrice. « Notre devise est riche de sens et de valeurs nobles, fragiles et menacées. Les mots qui la composent ne sont pas figés, bien au contraire. Leur portée est intemporelle et universelle », a lancé la maire qui a choisi de terminer son discours avec le poème « Liberté » de Paul Eluard. Pour aller au bout de la démarche républicaine, un panneau « École publique Pierre-Jakez Hélias » sera posé à l’entrée de l’établissement.
Discours d’Yves Le Bihan lors de la cérémonie :
« LIBERTÉ – ÉGALITÉ – FRATERNITÉ »
Monsieur le Maire, Monsieur le Sénateur, Madame la Directrice, Mesdames, Messieurs, chers élèves de l’école publique Pierre Jakez Hélias
Depuis quelques jours est affichée la devise républicaine « LIBERTÉ, ÉGALITÉ, FRATERNITÉ ».
Le souhait formulé, devant le futur Maire et son équipe de voir inscrite sur les frontons de l’école et de la mairie cette devise républicaine, et cela lors d’une réunion publique au moment des dernières élections, est honoré.
Monsieur le Maire, je vous en suis très reconnaissant.
Reconnaissant, car votre décision prouve que vous n’accompagnez pas vos promesses d’un coutumier : oui, mais. Vous avez à cœur de tenir vos engagements de campagne électorale.
Reconnaissant, car lorsque vous m’avez reçu à la Mairie, accompagné de Martine Cerf, secrétaire générale de l’association ÉGALE [Égalité, Laïcité, Europe], vous nous avez fait part de votre volonté de promouvoir dans la commune toutes les valeurs républicaines et laïques, et vous réalisez cette promesse.
Et vous êtes allé plus en avant dans votre démarche républicaine, puisque, non seulement, l’école porte l’inscription : École publique, mais aussi la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen du 26 août 1789.
Attaché à ces valeurs républicaines et laïques, je ne savais pas qu’en ce jour et au moment où se déroule cette cérémonie, nous allions nous retrouver au coeur de l’actualité et d’un mouvement de renaissance de la solidarité républicaine, venant prolonger l’idée de la refondation de l’école.
Quel symbole de réaffirmer haut et fort à l’école publique ce qui fait de la France une grande nation, dont les valeurs inscrites dans la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme ont éclairé le monde !
Cette devise républicaine intègre et définit ce qui nous unit. Ce vivre ensemble que les communautaristes voudraient nous refuser.
Par cette devise républicaine et avec elle, nous avons le droit de nous exprimer sans contrainte, dans le respect de la loi qui interdit l’injure envers des personnes, qui interdit l’appel à la haine ou au meurtre, mais qui autorise la caricature et la critique, s’il s’agit de croyances ou d’opinions. Voilà ce qu’est la liberté d’expression.
Par cette devise républicaine et avec elle, nous avons la liberté de conscience. Voilà ce qu’est la laïcité.
Le 22 janvier dernier, Madame la Ministre de l’Éducation nationale Najat Vallaud Belkacem nous a dit et nous a rappelé que l’école doit avoir « ses rites » (hymne national, drapeau, devise) et aussi « ses symboles ». Ils seront expliqués et valorisés. Grande et belle tâche pour les maîtresses, les maîtres et les élèves.
En ce jour, je ne saurais trop recommander de relire La Charte de la laïcité. Ses 15 articles énoncent avec pertinence les grands principes qui constituent le cadre du Pacte laïque pour l’école. En plus de ces principes, il est rappelé que chacun [personnel de direction, enseignant, agent administratif ou de maintenance, élève comme parent d’élève] porte une part de responsabilité dans le bon fonctionnement du vivre ensemble selon l’idéal laïque.
Par ailleurs, le Président de la République a aussi souhaité qu’à la rentrée de septembre 2015, la charte de la laïcité à l’école soit signée par les élèves, mais aussi leurs parents.
La Nation confie à l’École la mission de faire partager aux élèves les valeurs de la République. C’est une grande, belle et difficile tâche.
Que tous ceux et celles qui y concourent en soient remerciés.
L’association ÉGALE, que je représente ici, a souhaité vous remettre, Madame la Directrice, un exemplaire du « Dictionnaire de la laïcité », co dirigé par deux de ses membres, en espérant qu’il vous aidera modestement, au quotidien, à remplir cette mission.
Merci à tous de m’avoir fait partager ce grand moment républicain.
Bonnes vacances.
Yves Le Bihan
(Répondre)
Yves Le Bihan // 6 mar 2015 à 9:27
La devise républicaine va bientôt être posée sur le fronton de la Mairie de Saint Philibert (Morbihan)
Tous les élus du canton vont y être convié.
Une démarche est mise en route par ÉGALE pour que tout bâtiment représentant la République honore cette devise.
Nous avançons, mais le chemin ne sera pas parcouru seul.
Créons une synergie.
Yves
(Répondre)
Pascal Vagnat // 7 mar 2015 à 19:03
Pourquoi ne pas instituer chaque année une journée du drapeau qui viserait à mieux faire connaître notre emblème national au grand public, aux scolaires, aux universitaires, qui permettrait de mieux connaître son histoire (origine du drapeau, origine du bleu, du blanc, du rouge, cocarde, Révolution, etc.), sa symbolique, ses couleurs (pourquoi le bleu, le blanc, le rouge), son usage (pavoisement, traditions, etc.), sa portée mondiale (sait-on combien de drapeaux dans le monde sont basés sur le drapeau tricolore et pourquoi ?). Une telle journée viserait tout à la fois la cohésion nationale autour de notre emblème pour mieux se l’approprier encore (avec par exemple un hisser solennel du drapeau dans les écoles par un élève, par un citoyen français sur un lieu symbolique, etc.) mais également la possibilité de faire des recherches dans les écoles, à l’université, des concours (dessins, rédactions, articles, etc.) sur notre emblème, dans notre Histoire. Savoir pour comprendre, tous ensemble dans notre République française.
(Répondre)
JEAN // 15 mar 2015 à 16:47
Toute cette réflexion sur l’appartenance à la république et les commentaires qui y sont attachés me donnent une impression de malaise. Quelle fierté peut m’apporter la vénération de symboles fussent-ils républicains, voire révolutionnaires ? Je me sens individu de l’humanité. Français, je suis pour être né en France, vosgien, je me sens pour être né dans les Vosges, Puisotin, je me sens parce qu’arrivé dans un petit village, j’y ai fait des rencontres et les relations entretenues dans ce petit village me confirme qu’on peut vivre ensemble, faire des choses ensemble, même si on n’est en désaccord politique, même si les convictions religieuses sont bien différentes. Si j’étais né en Autriche ou au Guatemala, je me sentirais sans doute autrichien ou guatémaltèque.
Les symboles, oui, à condition que les VALEURS défendues soient claires et sans ambiguïté.
Sur le mot LIBERTE, il y aurait surement de quoi discuter longtemps. Les philosophes n’ont pas fini d’écrire des pages sur cette question. Mais il y a une évidence. Aujourd’hui, la première liberté défendue par les dirigeants, les gouvernants, ceux qui ont le réel pouvoir sur les populations, c’est la liberté d’accumuler des profits par tous les moyens. Dès qu’une règle, une loi freine cette liberté, elle est combattue avec force en tentant de faire croire qu’il s’agit là d’une valeur universelle.
Par ailleurs, il ne peut y avoir de réelle liberté sans égalité. Or, la lutte contre les inégalités a disparu des préoccupations des politiques qui ne jurent que par le développement de l’économie. Ainsi, pour sauver cette économie, on réduit les droits sociaux, on bloque les salaires et les retraites, laissant, dans le même temps, les dirigeants des grandes sociétés multinationales, qui influencent largement les règles de vie applicables à toutes les populations, s’octroyer, entre eux, de mirobolants salaires. D’où vient la richesse ainsi accumulées par la petite minorité d’individus si ce n’est du travail de tous les autres ? Sans Egalité, pas de Liberté. Comment peut-on, dans ce contexte parler de fraternité ? Je ne juge jamais ceux que je rencontre à leur mode de pensée, leur religion, leurs préférences, mais seulement à la part de responsabilité qu’ils ont dans la maintien, la recrudescence ou la résorption des inégalités. Un musulman, juif ou chrétien, au chômage ou salarié exploité est égal à un athée dans la même situation. Les richissimes qataris ne valent pas mieux que nos PDG du CAC 40.
Alors, je serai fier de hisser le drapeau Bleu Blanc Rouge et de faire briller les plaques ou s’inscrivent les mots LIBERTE, EGALITE, FRATERNITE, quand la France redeviendra militante de ces valeurs, dans les faits, pas simplement dans l’histoire et les symboles.
La cohésion nationale passe par une toute autre approche de la gouvernance, de l’économie et du vivre ensemble. C’est, en tout cas, ce que Jean pense.
(Répondre)
Véronique Réponse:
Mardi 31 mars 2015 le 10:41
je suis entièrement d’accord.
Les symboles ce n’est rien. Les actes c’est tout ce qui compte.
Vivre dans un pays qui EFFECTIVEMENT respecte les valeurs de liberté, d’égalité et de fraternité, il n’y a que ça qui peut donner un sentiment de cohésion sociale, bien plus solide que le bourrage de crâne.
Adorer un drapeau, en soi, n’a aucun sens.
J’ajoute que même aux Etats-Unis, pays connu pour son patriotisme, brûler le drapeau américain n’est pas un délit. Parce qu’une démocratie doit laisser s’exprimer les opinions. Autrement il n’y a plus de démocratie.
Alors à la question “Notre droit réprime-t-il aujourd’hui suffisamment, les atteintes au respect dû aux symboles républicains et nationaux ?”,
je réponds que notre droit, celui de la France, pays de libertés, comporte une loi, dite de sécurité intérieure, depuis 2003, qui remplit complètement cet objectif.
Donc cette question est vraiment superflue.
(Répondre)
Pasquis-Dumont Françoise // 30 mar 2015 à 16:51
Chaque maison devrait avoir un drapeau.Chaque établissement scolaire également :lors du décès de François Mitterand ,en tant que chef d’établissement, je devais faire une intervention …J’ai réuni les élèves de 3eme et leur ai lu les paroles de “au temps des cerises” en précisant le contexte..pour ce faire j’ai du emprunter le drapeau de mes parents. J’ai alors pris conscience de cet autre déficit. .pourtant nous avions fête le bicentenaire de la révolution. ..Collège Maximilien de Robespierre et 18 nationalités. ..L’attitude des élèves avait été remarquable .Il en fut de même à toutes les interventions de Mme Denise Holstein leur expliquant sa déportation à Auschwitz et sa libération à Bergen-Belsen. Les allemands sont plus attentifs au devoir de mémoire. ..les jeunes y sont conviés régulièrement.
L’école de notre village est toujours présente au monument aux morts le 11 novembre et le 8 mai…allemands devoir vécu chants et dépôts de pots de fleurs..les enseignants doivent être préparés à assumer tout cela.
(Répondre)