Dans le cadre de notre réflexion de prospective, j’ai pris connaissance avec le plus vif intérêt du Bulletin épidémiologique hebdomadaire de l’Institut de veille sanitaire (InVS) daté du 20 mars 2012. Il dresse un état des lieux des connaissances scientifiques actuelles relatives à l’impact du changement climatique sur l’évolution des maladies infectieuses émergentes.
Depuis le début des années 2000, les études scientifiques relatives aux conséquences du changement climatique sur la santé humaine sont parvenues à dégager trois types d’impacts :
- les impacts liés à des événements météorologiques extrêmes qui sont susceptibles d’augmenter en fréquence et en intensité ;
- les impacts liés à l’émergence ou à la réémergence de maladies infectieuses à la suite de la modification profonde des écosystèmes par le changement climatique ;
- les impacts liés à une évolution des expositions à des risques environnementaux (air, eau, rayonnement, UV, alimentation…).
Face à un réchauffement climatique maintenant considéré comme inéluctable, les autorités sanitaires doivent impérativement développer leur capacité d’anticipation et de prévention des conséquences de ces évènements. Plus qu’une simple gestion de crise sanitaire, les actions de fond doivent être encouragées, par exemple, à travers une réflexion sur la conception des villes et des logements et sur l’adaptation de l’agriculture dans ce nouveau contexte climatique.
Le rôle indispensable de la surveillance est souligné par tous les contributeurs, celle-ci ayant pour objectif :
- la détection précoce d’un phénomène de santé et la mise en place d’alertes ;
- la mesure quantitative de l’impact sanitaire d’un évènement (vagues de chaleur, tempêtes, inondations) ;
- l’identification des populations exposées ou les plus à risque.
Les évènements climatiques extrêmes sont pour la plupart imprévisibles quant à la date et au lieu de leur survenue. Une planification réfléchie de ces évènements et le développement de la surveillance épidémiologique permettent de rassembler des informations essentielles à la gestion de la crise future.
La réponse épidémiologique est amenée à varier selon la nature des évènements climatiques. En cas de vague de chaleur, la qualité de la gestion de la crise dépend de l’intégration des résultats de la surveillance épidémiologiques. Les décideurs publics sont marqués par l’épisode dramatique de la canicule de l’été 2003 qui avait surpris par son ampleur et révélé l’inadéquation des systèmes de prise en charge sanitaire français. Pour prévenir de telles défaillances, l’apport des épidémiologistes consiste à scénariser les effets potentiels d’un évènement météorologique sur l’état de santé d’une population donnée.
Les conclusions de l’InVs pour optimiser notre système de veille sanitaire à l’heure du réchauffement climatique consisterait à conjuguer rigueur et souplesse. Cette dernière exigence passerait par le développement de dispositifs d’auto-évaluation et d’auto-analyse. Ainsi, une adaptation rapide aux modifications des situations sanitaires nouvelles et d’une amélioration des ripostes à venir par l’intégration des retours d’expérience successifs sont autant de leviers d’actions à notre portée.
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