A Roissy-Charles De Gaulle avec le docteur Philippe Bargain
Aller sur le terrain et rencontrer les acteurs de la prévention des maladies infectieuses émergentes est une démarche essentielle pour la compréhension des enjeux de santé publique. C’est pourquoi j’ai effectué un déplacement à l’aéroport de Roissy Charles de Gaulle, mercredi 2 mai, afin d’échanger avec le docteur Philippe Bargain.
Le docteur Bargain, chef du service médical d’urgence de l’aéroport depuis le milieu des années 1970, a vu évoluer les modes de réponses aux risques épidémiques au sein de l’aéroport. Les aéroports sont par définition des lieux de voyage accueillant des flux de populations très élevés (60 millions de voyageurs provenant du monde entier transitent chaque année par Roissy). J’ai d’abord visité le service médical d’urgence en compagnie du docteur Bargain qui m’a présenté les différents lieux d’accueil des malades de l’aéroport. Le docteur s’est voulu rassurant sur les menaces des risques infectieux et sur la capacité de son service à faire face à de nouveaux risques.
Il a notamment évoqué la gestion de la grippe H1N1 : la levée de doute avait été effectuée dans les avions et l’identification de cas de grippe A avait été facilitée par l’utilisation des thermomètre auriculaires. Le protocole de prise en charge d’un passager suspecté d’être porteur d’une maladie contagieuse à l’arrivée d’un vol à l’aéroport Charles De Gaulle est détaillé dans une présentation dédiée.
La rencontre du docteur Bargain m’a permis de découvrir l’organisation des soins au niveau de l’aéroport ainsi que la nécessité de se tenir au courant de ce qui se passe dans le monde vis-à-vis des zones infectieuses. Il ne faut toutefois pas sombrer dans l’alarmisme comme en atteste la gestion de la peste en Inde en 1993 : les risques ayant été éloignés en assainissant les avions avec des produits insecticides. Un regard lucide sur les menaces contemporaines est néanmoins de mise, notamment avec l’urgence de la mise au point d’un vaccin contre le paludisme qui décime toujours plus d’une centaine de millions de personnes chaque année dans les pays du Sud.
Je me suis ensuite rendue dans le satellite-hôtel, un bâtiment mis à la disposition par Aéroports de Paris à destination des personnes rapatriées en cas de pandémie ou d’évènement grave, sa dernière utilisation datant de la catastrophe de Fukushima en mars 2011 au Japon. Si la logistique est un élément important de l’organisation, la prise en compte des représentations et des peurs véhiculées par les menaces infectieuses est essentielle. Le docteur Bargain m’a convaincue de l’importance de la communication sur ces risques en privilégiant un message homogène vers des publics hétérogènes. S’agissant de la communication à destination des personnels de l’aéroport, le docteur propose sa méthode : « donner des éléments de réalité simples pour mettre fin à tous les fantasmes ».
Je tiens à remercier le docteur Bargain, le service médical d’urgence de Roissy ainsi que la direction d’Aéroports de Paris de m’avoir permis cette rencontre enrichissante qui n’a fait que renforcer mon impression : la prospective se conjugue au présent.
LO RE ROSE MARIE // 11 mai 2012 à 2:43
JE ME COMPLIMENTE AUSSI SUR TOUS LES ENQUETES RECHERCHES ET TRAVAUX EFFECTUES PAR LE DR PHILIPPE BARGAIN. J ai QQUES FOIS AIDE A TRADUIRE ENTRE PATIENTS ET MEDECINS . ET DONNE TOUTE MON ADMIRATION
Délégation à la prospective Réponse:
Vendredi 11 mai 2012 le 14:25
Vous avez raison d’insister sur le rôle des interprètes bénévoles qui permettent au docteur Bargain de communiquer avec les malades de l’aéroport dans des langues parfois peu connues en France. Merci donc à tous ceux qui travaillent à l’aéroport et qui forment une grande famille autour du docteur.