Le 22 février 2012, M. Vanik Berberian, Président de l’Association des maires ruraux de France (AMRF), a relayé auprès des membres de la mission les inquiétudes des élus locaux, en particulier sur la non application du volet éducatif de la Charte des services publics, adoptée en 2006.
Celui-ci prévoit en effet que toute fermeture doit donner lieu à une étude d’impact et à une information deux ans avant. Tel n’est pas le cas.
Le plus souvent, ce sont des regroupements de regroupements qui s’opèrent, fragilisant le dynamisme de certains territoires et handicapant les familles qui restent dans un périmètre dépourvu de structures d’enseignement.
Mesdames Yvette Grelet, coresponsable du centre d’études et de recherches sur les qualifications (CEREQ) et Céline Vivent, chargée d’études, ont dessiné par ailleurs un « portrait » des élèves qui vivent dans ces espaces à dominante rurale.
D’après une étude récente menée par l’Observatoire éducation et territoires (OET), les élèves ruraux connaissent plus de difficultés d’adaptation dans les établissements du secondaire et font preuve d’aspiration plus modestes en termes de poursuite d’études et de projets de métier, et ce, à résultats scolaires équivalents à ceux observés en milieu urbain. Pourquoi ?
Vivre en milieu rural n’est pas en soi pénalisant pour la scolarité. Les résultats au brevet des collèges sont, sur ces territoires, supérieurs à la moyenne nationale. Ce sont les choix d’orientation qui divergent nettement et qui forcément interrogent. Après la 3ème, près d’un jeune rural sur deux emprunte la voie professionnelle contre 41% des urbains. En « sortie d’études », ils sont beaucoup moins nombreux à avoir atteint un niveau bac + 3.
Ces disparités s’expliquent en grande partie par l’environnement socio-économique et la faiblesse de l’offre de formation, aussi par un marché du travail moins demandeur de qualifications.
Un déterminisme territorial qui engendre une forme d’”autocensure” avec deux conséquences :
D’une part, l’orientation pour une grande partie des élèves va se faire vers des études courtes, BTS ou DUT, le plus souvent en apprentissage. A capital social équivalent, l’IUT sera privilégié lorsque le jeune urbain intégrera une classe préparatoire aux grandes écoles.
D’autre part, cet éventail des possibles réduit encourage la mobilité qui appauvrit de manière préoccupante ces territoires.
Aussi, Mmes Grelet et Vivent ont abordé, sur ce sujet, quelques angles de réflexion :
a) privilégier l’échelle locale en prenant en compte les situations diverses du rural proche des villes et du rural plus éloigné.
b) identifier les phénomènes transfrontaliers, lorsque les situations locales ne correspondent pas aux limites d’une collectivité.
c) aborder la question scolaire elle-même de manière transversale puisque cette réflexion est indissociable des questions plus générales d’aménagement du territoire (équipements, logement, transport, emplois) comme l’a rappelé également le Président de l’AMRF.
L’analyse de ces territoires et de leurs interactions avec les milieux éducatifs reste le plus souvent peu visible. Et pourtant, 11 millions de français sont directement concernés. 18% de la population. Si les problématiques de carte scolaire dans les milieux urbains défavorisés captent l’attention, médiatique et politique, à juste titre, celles des parcours de formation empruntés par les jeunes ruraux ne doivent pas pour autant être éludées.
A ce sujet, je vous invite à prendre connaissance d’un article intitulé : “Scolarité : pragmatisme des élèves ruraux“, publié le 25 février 2012.
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