Les nouvelles menaces des maladies infectieuses émergentes

Une récente contribution publiée dans la revue épidémiologique Eurosurveillance [1] dresse un constat préoccupant : la dengue serait de retour à la Réunion. Depuis le début de l’année, 20 cas d’infections par le virus de la dengue ont été identifiés à la Réunion. Cette réémergence de la dengue pourrait constituer un risque non négligeable de transmission du virus au cours des prochaines semaines. Cette incertitude commande que les professionnels de santé et les autorités sanitaires se préparent dès à présent à faire face à une potentielle épidémie.

La Réunion a déjà connu des épisodes épidémiques de dengue par le passé, principalement en 1977-1978 où environ 30% de la population de l’île avait été infectée et en 2004 dans la partie occidentale de l’île (228 cas de dengue). Depuis 2004, le nombre de cas de dengue a chuté, deux cas ont par exemple été déclarés en 2010. Pour autant, les dispositifs de surveillance du virus ont été renforcés au cours de la même période. La surveillance épidémiologique est prise en charge par l’Agence Régionale de Santé Océan Indien (notamment pour ses actions de Lutte anti-vectorielle LAV) et en collaboration avec l’Institut de veille sanitaire.

Parmi les 20 cas de dengue qui ont été notifiés aux autorités sanitaires depuis le mois de janvier, treize ont été confirmés et sept ont été considérés comme probables. 8 cas ont été détectés dans la partie occidentale de l’île, plus précisément dans la ville de Saint-Paul. Comme en atteste la carte élaborée par l’équipe de chercheurs, les liens épidémiologiques ou géographiques ont été identifiés entre les différents cas, suggérant qu’ils sont reliés à une seule chaîne de transmission.

Depuis janvier 2012, les équipes de la Lutte anti-vectorielle (LAV) ont engagé des actions visant à limiter la progression des moustiques vecteurs du virus de la dengue. Ces actions de prévention ont notamment consisté à informer les professionnels de santé sur l’évolution de la menace semaine après semaine. Ce renforcement de la surveillance épidémique à la Réunion fait écho au traumatisme causé par l’épidémie de chikungunya en 2005 qui a infecté 266.000 personnes, soit un tiers de la population du département. Désormais, les autorités sanitaires ont pour objectif de détecter le plus rapidement possible les nouveaux cas à l’appui de confirmations systématiques des laboratoires, tout en maintenant un lien étroit tant avec les hôpitaux et les médecins traitants qu’avec les laboratoires publics et/ou privés.