Les nouvelles menaces des maladies infectieuses émergentes

Un blog de la délégation à la prospective du Sénat

Les nouvelles menaces des maladies infectieuses émergentes

Mesurer l’impact économique des nouvelles épidémies : le coût de la dengue à Singapour.

18 juin, 2012 · Pas de commentaire · Actualité

coûts de la dengue à SingapoureChaque année la dengue cause entre 50 et 100 millions d’infections à travers le monde et menace les 2,5 milliards d’habitants des régions tropicales et subtropicales. Il reste que l’on connaît encore peu l’impact économique réel de cette maladie dans les pays riches et qu’on ignore le bon rapport qualité-prix des vaccins qui seront peut-être disponibles d’ici un à deux ans.

Un début de réponse a été apporté par une étude réalisée par des chercheurs Singapouriens, visant à estimer les coûts directs et indirects de la dengue à partir des cas signalés dans les hôpitaux et par les médecins de Singapour. La dengue a un impact économique considérable du fait de l’activité extraordinaire des hôpitaux, de la multiplication des arrêts de travail et des risques de décès des cas symptomatiques. Les gouvernements ont tenté de réduire les risques de dengue par des stratégies de contrôle des moustiques –souvent très coûteuses- en éliminant les nids d’insectes et en diffusant des insecticides dans la population. En dépit de ces efforts, le nombre de cas de dengue est resté relativement élevé.

Estimer le coût d’une maladie recèle de nombreuses difficultés.

Le principal écueil est celui de la sous-déclaration des cas de dengue par les professionnels de santé (hôpitaux et soins ambulatoires) aux organismes de veille sanitaire. Une autre complexité de taille réside dans l’hétérogénéité des coûts ; afin d’obtenir des estimations satisfaisantes, il est nécessaire d’agglomérer les coûts médicaux et les coûts indirects supportés par les individus et la société (absentéisme scolaire, arrêts de travail) ainsi que le coût de la lutte anti vectorielle.

La gestion économique des menaces sanitaires liées à la dengue va se trouver bouleversée par la mise au point prochaine d’un vaccin et il apparaît urgent d’évaluer dès à présent le bon rapport qualité-prix de celui-ci en comparaison des méthodes classiques de prévention. La mise à disposition d’un nouveau vaccin ne doit pas conduire les autorités sanitaires à abandonner ces méthodes et à se précipiter vers une gestion « tout-vaccin ».

Pour prévenir de telles réactions, l’étude présente les estimations des coûts du futur vaccin et détermine le plafond de prix à partir duquel le recours au vaccin ne se justifie plus économiquement.

L’évaluation de l’impact économique de la dengue comporte également des zones aveugles signalées par les auteurs de l’étude. Il est quasiment impossible d’évaluer les coûts réels du vaccin étant donné que celui-ci pourrait se révéler être moins efficace que prévu ou qu’il pourrait provoquer des effets secondes qui y en surenchérirait le cout.

De même, l’impact de l’épidémie de dengue sur l’économie du tourisme à Singapour est particulièrement difficile à chiffrer.

En tout cas, cette méthode pourrait inspirer notre conception des politiques de santé publique en y intégrant pleinement, mais pas uniquement, la dimension économique. La pertinence de ces études, outre l’irréductible incertitude inhérentes aux crises sanitaires, repose néanmoins sur la mise à disposition d’une base de données épidémiologique unique alimentée en temps réel.

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