Penn State University fait partie de ses nombreuses universités d’Etat créées aux Etats-Unis au centre géographique des Etats fédérés au milieu du 19e siècle. Elles sont construites en brique rouge dans un campus verdoyant entouré d’une ville universitaire.
Elle abrite un des départements de géosciences les plus réputés en matière de recherche sur le climat et de recherche polaire.
J’ai eu la chance d’y rencontrer plusieurs scientifiques dont certains ont une renommée internationale comme le Dr Timothy Bralower – il est spécialiste du Crétacée et des climats chauds du passé -, le Dr Richard Alley - spécialiste de la stabilité des plateformes glaciaires – et le Dr Michael Mann - spécialiste du climat récent et de la datation par proxis scientifiques.Les recherches de Michael Mann l’ont conduit à reconstituer le climat de la terre sur les mille dernières années à partir d’éléments autres que les mesures météorologiques modernes dont on ne dispose qu’à partir de la seconde moitié du 19e siècle. Pour les périodes plus anciennes, il a utilisé ce qu’on appelle des proxis scientifiques, c’est à dire des données moins précises comme les cernes des arbres dont il est spécialiste. Ce travail de reconstitution l’a conduit a proposé une courbe en forme de canne de hockey montrant le réchauffement brutal récent.
Ces travaux ont provoqué de très vives polémiques, mais depuis lors ils ont été largement confirmés. Les progrès accomplis dans la connaissances des climats du passé et les modèles de simulation climatique permettent de préciser et de compléter mais n’infirment pas les premières données.
Pour lui, il est évident que l’évolution du climat est anormale et provoquée par l’homme.
Richard Alley travaille lui sur la dynamique glaciaire et plus précisément sur la stabilité des grandes banquises de l’Antarctique. Il a pris l’exemple de la plateforme de Larsen B dans l’Antarctique de l’ouest qui s’est disloquée en 2002 en l’espace de quelques mois alors qu’elle existait depuis plus de 10.000 ans. C’est pour lui le signe d’un réchauffement touchant rapidement la péninsule Antarctique. Elle provoque aussi une fonte accélérée des glaciers vêlant en mer en raison du contact avec de l’eau plus chaude. Les plateformes de glace ralentissent considérablement la fonte en raison d’un effet de soutènement comparable aux arcs boutant des cathédrales.
Cette évolution est comparable à bien des égards avec l’accélération de la fonte du Groenland au cours des années 1990 qui est de mieux en mieux démontrée.
En Antarctique, le phénomène est moins bien connu mais paraît avéré et plus rapide qu’envisagé par le GIEC. L’attention scientifique doit se porter sur la stabilité des autres grandes plateformes pouvant avoir un impact sur le niveau de la mer et sur l’évolution des glaciers environnants.
Or comme l’a souligné le Dr Sridhar Anandakrishnan, la dynamique des glaciers est très mal connue. Il devient indispensable de comprendre ce qui se passe sous la calotte de glace. Des moyens modernes doivent y être dévolus et ils doivent être automatisés et largement répartis. C’est notamment essentiel pour comprendre la dynamique des glaciers qui sont en contact avec l’océan. Il a par exemple indiqué que les glaciers avançaient par à-coups successifs en fonction de la marée basse ou haute, mais on est dans l’incapacité de l’expliquer.
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