J’ai reçu hier matin le Pr Jean-Yves Cottin de l’Université Jean Monnet de St-Etienne. Il travaille au sein de l’UMR 6524 “Magmas et volcans“. Il y dirige l’équipe “transfert lithosphérique“.
Cette audition m’a permis de découvrir énormément de choses sur la géologie des îles sub-antarctiques françaises et leur histoire lointaine.
J’ai d’abord trouvé extrêmement intéressant de comprendre comment ces îles volcaniques nous permettent d’avoir accès à des roches qui constituent le manteau terrestre à grande profondeur (jusqu’à 150 km) puisqu’elles sont remontées vers la surface par l’activité du volcan. Pour les découvrir, il n’y a guère d’autres méthodes que des randonnées à but scientifique à travers ces îles pour explorer et échantillonner. La recherche de ces roches “mantelliques” est l’un des objectifs fondamentaux des scientifiques.Au-delà de ces roches, les Kerguelen sont le type même d’îles formées sur une ride océanique mais dont celle-ci s’est éloignée. L’activité volcanique reste cependant présente puisque l’île est située sur un “point chaud”. C’est donc un type d’île très différent de l’Islande, située sur une fracture océanique, ou de Hawaï, situé sur un important point chaud. Il y a donc beaucoup à apprendre de la manière dont s’est créé l’archipel et son plateau continental d’origine volcanique.
Au-delà du fond des recherches, il était important pour moi de mieux comprendre les conditions dans lesquelles celles-ci s’effectuent.
J’en retire l’impression que les moyens logistiques sont nettement insuffisants. Il est tout à fait regrettable pour la recherche comme pour la sécurité des personnels que le navire La Curieuse, utilisé encore il y a peu, ne soit plus disponible et qu’il n’y ait aucun moyen héliporté en dehors du passage du Marion-Dufresne sur les Kerguelen. Le résultat concret de cette situation, c’est qu’il n’est plus possible aux scientifiques de sortir de la zone du Golfe du Morbihan et de la proximité immédiate de la base. Les échantillonnages ne sont plus possibles en dehors et la plus grande partie de l’archipel est désormais inaccessible au personnel.
Il semble aussi qu’une plus grande coordination dans la planification des moyens serait utile. En effet, les équipes de recherche qui interviennent dans ces zones, reçoivent de l’IPEV tous les moyens nécessaires pour aller sur le terrain, mais à leur retour le soutien de l’IPEV s’achève alors que l’exploitation du travail de terrain est à faire.
Ne faut-il pas réfléchir à un plus fort partenariat IPEV-CNRS-Université ? Une labellisation conjointe d’unités de recherche est-elle une solution ? Un contrat pluriannuel est-il envisageable ?
Je relève aussi que la non séparation de la recherche faite en milieu polaire du reste de l’activité de recherche est une bonne solution. Il y a visiblement plus d’avantages à de grandes unités thématiques non localisées plutôt qu’aux rassemblements d’unités sous le label “polaire”.
J’aimerai beaucoup vos commentaires sur ces deux derniers points.
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