Début février, les membres de la mission d’information ont reçu Marco Oberti, Professeur des universités et Directeur du département de sociologie à Sciences Po.
Dans le cadre de ses récentes recherches sur l’assouplissement de la carte scolaire, il s’est intéressé spécifiquement à l’agglomération parisienne.
Les travaux qu’il a conduits comportaient deux volets principaux :
- une analyse quantitative sur les changements de profils des collèges depuis la réforme en relation avec l‘évolution de la population relevant du secteur des dits établissements.
- une enquête qualitative auprès des familles, notamment celles issues de l’immigration, ayant eu recours à des demandes de dérogation, en étudiant leurs motivations et leurs réactions lorsqu’un refus leur était opposé.
A l’issue de son enquête, il estime que le dispositif de lutte contre la ségrégation scolaire n’a pas fonctionné. Des réalités parfois diamétralement opposées perdurent. Ainsi, la Seine-Saint-Denis se distingue fortement des autres départements de l’agglomération avec une très forte surreprésentation des collèges les plus défavorisés et aucun collège public où les CSP + seraient surreprésentées.
La situation est inverse à Paris et dans les Hauts-de-Seine.
En ce qui concerne les établissements privés dont le profil social des élèves est le plus favorisé, ils sont massivement implantés dans la capitale et dans l’Ouest de l’Ile-de-France.
Il constate par ailleurs que la ségrégation scolaire est également très forte au sein d’une même « zone ». Il prend comme exemple Paris où la cohabitation entre enfants de classes populaires et de milieux défavorisés reste faible.
Un chiffre a été avancé : il faudrait que près de 80% des enfants d’ouvriers non qualifiés en classe de 6ème changent de collège pour qu’ils se répartissent dans les établissements de la même façon que les enfants dont les parents exercent des professions libérales ou des fonctions de cadres supérieurs.
Les résultats de son enquête mettent en évidence les faibles répercutions de cette déréglementation sur les classes populaires qui au final ont vu leur assignation spatiale renforcée.
Une des raisons : l’opacité du dispositif de dérogation.
Vos réactions
Afin de favoriser une plus grande mixité sociale, il avance l’idée d’une redéfinition plus large des périmètres de carte scolaire, qui s’effectuerait en fonction du type de territoire et qui ne renverrait pas automatiquement aux limites d’une commune ou d’un quartier.
Les établissements privés participeraient alors de cette carte scolaire nouvellement définie.
- Quel est votre avis ?
- Quels sont les moyens qui permettraient, selon vous, de clarifier le système des dérogations ?
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