J’ai été reçu mercredi 21 juin par Michel Fily et Jérôme Chappelaz les directeur et directeur adjoint du Laboratoire de glaciologie et géophysique de l’environnement de Grenoble.
J’attendais particulièrement cette visite puisque le LGGE bénéficie d’une très grande réputation. J’avais pu la mesurer depuis les Etats-Unis où de nombreux chercheurs m’avait fait part de leur admiration pour le travail accompli en France.
D’ailleurs, le lendemain de ma visite, j’ai appris que le Pr Boutron s’était vu attribuer le prix international Felice Ippolito décerné par l’Académie des sciences et le Programme national Antarctique d’Italie. J’en profite pour le féliciter chaleureusement.
La journée a répondu à mon attente.
Elle a commencé par des présentations successives sur les thématiques de recherche du laboratoire :
- Climat moderne et observations glaciologiques par Gerhard Krinner,
- Chimie de l’atmosphère et interactions air-neige par Florent Domine,
- Paléo-climats, paléo-environnements par Jean-Marc Barnolat,
- Physique et Mécanique du matériau glace par Jérôme Weiss.Il ne m’est bien entendu pas possible de relater ici tous ces exposés. Voici simplement des points qui me semblent importants et que j’ai noté au fur et à mesure des présentations.
Le laboratoire se voit accorder des moyens satisfaisants mais devra recevoir un coup de pouce très significatif pour la modernisation de ses chambres froides, de plus :
- les personnels techniques sont à un étiage bas,
- les financements dépendants des contrats ou du PCRD peuvent être à trop court terme ou instables pour une recherche dans la durée, de même il est pénalisant d’avoir trop de guichets auxquels s’adresser. L’ANR doit venir renforcer les partenariats déjà mis en place.
- l’aspect très médiatique des recherches sur le changement climatique ne doit pas conduire à négliger la recherche fondamentale au profit, par exemple, de recherches sur son impact.
En matière d’observations glaciologiques, j’ai été très intéressé de voir que de plus en plus de mesures pérennes étaient possibles et que la station Concordia pouvait servir de site de référence pour la télédétection par satellite. Ces observations confirment aussi : la très grande qualité astronomique du site de Concordia, l’évolution des masses de glace en Antarctique (plutôt positive) et la nécessité de travailler beaucoup plus sur la dynamique d’écoulement de la calotte.
J’ai découvert l’importance des interactions air-neige aussi bien pour la composition de l’atmosphère mais ausi pour celle de la neige elle-même et donc de ce que l’on trouve dans les carottes de glace qui servent ensuite à l’identification des climats du passé.
Dans le domaine du paléoclimat, j’ai pu prendre connaissance des courbes de concentration de CO2 et de CH4 depuis 700.000 ans. Elles ont démontré que la variabilité climatique était différente sur la période la plus ancienne rendant nécessaire des carottes plus profondes.
Cela fait partie des grands projets pour le futur notamment en partenariat avec la Chine sur le Dôme A avec la perspective de remonter jusqu’à 1,5 millions d’années. Il faudra aussi mieux comprendre les périodes plus récentes et les transitions, notamment le couplage température-CO2.
Progresser dans l’analyse des carottes polaires, cela veut dire également mieux comprendre les mécanismes d’écoulement soit locaux soit globaux de la calotte.
Il faut aussi dater avec plus de précision les échantillons. L’un des instruments dans les périodes récentes est le laboratoire semi enterré de mesure de la radioactivité. Quasiment unique, ce laboratoire utilise du plomb issu des galions, car il n’a pas subi les radiations post 1945 et peut donc servir à identifier les poussières radioactives emprisonnées dans les névés !
J’ai aussi pu visiter l’atelier où sont fabriqués les carottiers et tout l’outillage nécessaire au travail scientifique. C’est un des grands points forts du laboratoire et cela participe à sa position internationale, d’où l’importance des postes techniques.
La journée s’est achevée par la visite de la “glaciothèque” où est conservé l’ensemble des échantillons de forage depuis 1978. Cela m’a fait penser à la bibliothèque sédimentaire du LDEO. Les lieux sont évidemment très différents, ne serait-ce que par la température, mais c’est aussi émouvant d’avoir ainsi contact avec le passé lointain.
Merci à Jean-Robert Petit pour les photographies.
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