RaccurtCNRS.serendipityThumb Quest ce que le manchot peut apprendre sur lhomme ? Dans le dernier numéro du Journal du CNRS de juillet-août un article met à l’honneur Mme Mireille Raccurt, ingénieur de recherche du laboratoire de physiologie intégrative cellulaire et moléculaire (UMR 5123) du CNRS et de l’université Claude Bernard Lyon 1. Il est dirigé par le Pr Jean-Marc Pequignot. Je l’avais rencontrée lors de mon passage à Dumont d’Urville.

L’UMR est composée de 26 chercheurs et enseignants chercheurs, 13 ingénieurs et techniciens et 17 doctorants et post-doctorants.

La thématique générale de recherche porte sur les effets sur les cellules et les organismes de contraintes environnementales durables, notamment celles qui modifient l’apport ou la dépense énergétique. Trois équipes au sein du laboratoire poursuivent des recherches pluridisciplinaires sur différentes parties de cette thématique.

C’est au sein de l’équipe 2 consacrée à la plasticité cellulaire et plus spécifiquement aux régulations endocrines et environnementales, dirigée par le Pr Claude Duchamp, qu’un programme de recherche sur les manchots est mené.
Ce programme scientifique, soutenu par l’IPEV, porte sur les mécanismes d’adaptation au froid chez les endothermes et les ectothermes antarctiques et subantarctiques.

” Ce programme de physiologie énergétique vise, par une approche intégrée allant de l’animal entier, aux niveaux tissulaires jusqu’à l’expression des gènes, à rechercher les mécanismes d’adaptation au froid qui modulent l’efficacité des processus de conversion énergétique et qui permettent aux manchots de survivre à différentes étapes de leur développement “.

Comment en effet le Manchot parvient-il à maintenir sa température à 38°C alors que les température extérieures peuvent atteindre plusieurs dizaines de degré au-dessous de zéro ? Le phénomène est encore plus extraordinaire pour le poussin qui doit en plus grandir !

Ce sont ces recherches auxquelles Mireille Raccurt a participé à Dumont d’Urville. Débutées en 2002, elles ont permis de mettre en évidence une protéine spécifique dans le muscle pectoral.

Ces recherches vont vraisemblablement se poursuivre mais sur l’homme et à Concordia, où Mireille Raccurt a effectué un séjour d’octobre 2005 à février 2006 dans la logique pluridisciplinaire et pluriéquipe du laboratoire. En effet, l’équipe 1, dirigée par les Pr Jean-Marc Pequignot et Laurent Bezin, s’intéresse aux adaptations neurobiologiques aux contraintes environnementales et notamment aux situations d’hypoxie.

En fait il s’agirait d’étudier comment les organsimes humains s’adaptent à ces conditions très particulières d’altitude, de froid et de manque d’oxygène à Concordia.

En effet, à plus de 3.300 m d’altitude avec la faible atmosphère des pôles, on se trouve comme à plus de 4.000 m sous nos latitudes. C’est physiquement dur. Quand j’y suis arrivé en novembre 2005, il m’a fallu quelques jours d’adaptation et un complément d’oxygène.

Pour moi, ces recherches sont le signe d’au moins trois éléments importants :
- Les fruits de l’interdisciplinarité ;
- La formidable plate-forme de recherche qu’est l’Antarctique et Concordia avec la complémentarité des deux bases ;
- Le développement des recherches médicales en Antarctique.