En poursuivant ma lecture du magazine La Recherche, j’ai été interpellé par les propos de Paul Crutzen, prix Nobel de chimie 1995 pour ses travaux sur la formation et la destruction de la couche d’ozone.
Il propose de larguer d’importantes quantités de soufre ou de sulfure d’hydrogène dans la stratosphère pour refroidir le climat, en cas d’urgence, si les températures se mettaient à augmenter trop rapidement (+0.2 °C par décennie).
Est-ce sérieux ?
Compte tenu de l’auteur de ces propos, je suis obligé de les considérer comme une solution à prendre en compte et pourtant, je vous avoue mon scepticisme.
Cette proposition est plus, me semble-t-il, une idée de recherche qu’une mesure à mettre en oeuvre. L’efficacité n’est pas démontrée, les conséquences sur l’environnement sont complètement inconnues et les coûts ne sont pas réellement estimés.
Deplus, je ne suis pas sûr que ce type de propos soit de nature à placer le débat sur une bonne base, même si, comme Paul Crutzen, on est déçu de la lenteur des changements.Dans le même ordre d’idée, nous avions évoqué avec Paul Treguer, lors de son audition, les expériences d’ensememcement de l’océan en fer depuis la fameuse phrase “Donnez-moi un tanker de fer, je vous ferai un âge glaciaire”. Cet ensemencement permettrait d’augmenter la production de phytoplancton et donc d’absorber puis de stocker du CO2 dans l’océan. Dans ce domaine, les recherches ont progressé et on a pu démontré la faisabilité de l’opération sans en mesurer toutefois toutes les conséquences et tous les effets en matière de captation.
Sans doute faut-il comme le dit Paul Crutzen avoir “une discussion scientifique sans hystérie”, mais peut-on vraiment laisser croire que d’ici quelques dizaines d’années l’homme aura acquis la capacité scientifique de telles manipulations de la terre ? N’est-ce pas décourager tout effort durable en matière d’émission de gaz à effet de serre ?
Le parallèle avec la question de la couche d’ozone est intéressant. Paul Crutzen souligne que tout a commencé avec une publication faite en 1974. La convention de Montréal et son protocole d’application ont été signé en 1985 et 1987. Ils organisent le retour au niveau naturel des CFC en 2100.
Pour le climat la question est beaucoup plus complexe. Le consensus scientifique n’est pas établi depuis très longtemps. Nous rentrons dans six années cruciales. Il faudra d’ici 2012 appliquer Kyoto et obtenir des engagements ambitieux pour la suite.
Dans ces conditions, la mobilisation scientifique est essentielle pour aider les responsables politiques dans le monde à prendre les décisions qui s’imposent.
Je dois dire que j’espère beaucoup à cet égard de l’année polaire internationale. Cela va être un moment très important de recherche sur les pôles et le climat. J’espère vraiment que les résultats qui seront obtenus créeront l’impulsion indispensable d’un nouveau traité international impliquant aussi bien la Chine que les Etats-Unis.
Qu’en pensez-vous ?
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