Au cours de notre table ronde sur les discriminations à l’encontre des jeunes, on nous a dit que les structures dont la mission est de faciliter l’insertion professionnelle des jeunes devraient davantage leur faire confiance et mieux les accueillir. Certaines devraient aussi se professionnaliser davantage.
Des propositions concrètes ont été débattues, notamment : faut-il évaluer ces structures d’insertion ?
Quel est votre avis ? Si vous pensez que oui, selon quels critères ?
Faut-il évaluer les structures d’insertion professionnelle ?
Jeudi, 9 avril 2009
Commentaires
Tout d’abord je tiens à dire que je ne suis pas directeur de structure et n’ai pas un queconque conflit d’intéret par rapport à la question.Ma spécialité est l’insertion profess. des personnes handicapées, dont les jeunes font partie (j’ai coordonné 12 ans un PDITH dans l’Oise à Beauvais)
Je suggère par rapport à l’insertion profess des jeunes handicapés un meilleur “accès” à la situation d’entretien face à un conseiller d’une mission locale ou autre (réseau AIO) un meilleur “accès à ” la compréhension des objectifs d’une étape d’un parcours. Il ne s’agit pas d’évaluer une structure. C’est un faux problème. Posez un diagnostic et en face des difficultés et des besoins (déficience intellectuelle, déficience physique….) il s’agira de mettre des moyens répondant au besoins. Faire accéder une personne handicapée aux même droits qu’une personne valide c’est lui faciliter “l’accès à” une connaissance, “l’accès à” la relation à autrui, “l’accès à” son environnement, de recherche d’emploi, “l’accès à ” son environnement de travail ou de formation.Un environnement qui n’est pas accessible est un environnement discriminant et excluant les jeunes handicapés -notamment- du monde du travail, des transport, de la formation ou des loisirs.La loi de 2005 ne s’est entourée d’aucune pédagogie. Et l’AGEFIPH n’explique pas ce que veut dire concretement “accéder à” Elle est déconnectée du terrain et n’a pas envie d’entendre les besoins du terrain.Son programme d’action est rigide et ne laisse pas de place à aucune expérimentation. Son programme de soutien de l’emploi devrait permettre çà. Encore une fois je n’ai pas de conflit d’intérêt par rapport à çà. Quant à l’Etat, il devrait vraiment faire un effort et prendre conscience qu’il ne suffit pas de poser des droits pour qu’une personne handicapée “accède à” ces droits.Les aménagements que celà impliquent sont loin d’être en place parce que pas compris. Les coordinations du PDITH sont malmenées alors qu’elles sont les seuls lieux où la libre expression et les projets des partenaires remontent et sont mis en place. Si vous le souhaitez je reste à votre disposition pour développer davantage.
Faire une campagne sur l’accessibilité ne sert à rien s’il n’y a pas de volonté d’expliquer ce qu’est la compensation du handicap – car c’est de celà précisément dont il s’agit – en situation de recherche d’emploi, de travail ou de formation. L’agefiph devrait financer les programmes de formation de tous les professionnels de l’insertion (missions locales, , tout le réseau de l’AIO et les conseillers Cap Emploi…) permettant de les professionnaliser à la compensation du handicap en situation de travail et en situation de formation.
Elle a du budget pour çà. C’est sa mission première de compenser le handicap. Et pour celà de former les réseau. Et il y a urgence. La loi de 2005 entraine trop de frustrations qui seront difficiles à gérer s’il n’y a pas d’anticipation de la grogne des personnes handicapées. (voir les plaintes de la halde) dont les difficultées sont multipliées par 100 en période de crise. Ce sont les premères visées par les plans sociaux. Les entreprises en profittent pour s’en débarrasser. Où est l’égalité devant la loi alors. Il suffirait de former, expliquer et nous irions beaucoup, beaucoup plus vite.
Votre sujet de réflexion devrait intégrer cette question transversale. En associant des personnes ressources qui s’exprime sur le sujet, comme moi. Merci pour ce blog et cet espace d’expression.Je reste à vote disposition pour tout renseignement.
Je ne crois pas qu’il s’agisse d’une question d’évaluation. Peut-être même qu’une “opération d’évaluation” serait contre productive.
Au-delà des insuffisances certaines, pour moi la situation s’explique par un manque de “sentiment d’efficacité collective” qui fait pendant au manque de “sentiment d’efficacité personnelle” de la plupart des jeunes qui s’adressent à ces structures. Par sentiment d’efficacité j’entends le sentiment que son action va servir, qu’elle va être utile, suivie d’effet… Il est évident que lorsqu’on ne croit pas ça (et quelque soit le domaine d’ailleurs) on a peu de chance de performer. Il est même démontrer que celui qui ne croit pas qu’il peut obtenir des résultats grâce à son action, n’essaie même pas d’agir. Phénomène, là encore, que l’on retrouve dans de nombreux contextes. Un élève qui se croit nul dans une matière ne tente pas l’effort, ne serait-ce que d’essayer “Ah quoi bon, j’suis nul !”. Un salarié qui ne pense pas réussir une tâche, la mettra de côté et aura un comportement d’évitement.
On développe un sentiment d’efficacité personnelle (ou collectif) positif grâce notamment à 3 vecteurs :
- la réussite d’une action. La réussite montre que “c’est possible”. Si je réussi dans un domaine ça me donne envie d’aller plus loin, de relever des challenges dans ce domaine. Nous connaissons tous cela. La réussite entraîne la réussite quasi mécaniquement.
- l’expérience des autres. Si je vois quelqu’un réussir, ça me donne envie moi-même de réussir. Surtout si le quelqu’un en question me “ressemble”, a le même age que moi, se trouve dans la même situation… On sait par exemple que si les filles ont longtemps trainé des pieds pour aller vers l’enseignement scientifique ou technique c’est parce que ça ne correspondait pas à l’image que la société se faisait des filles. L’expérience c’est l’expérience que je peux constater de visu mais aussi celle qui m’est suggérée.
- la persuasion verbale. Si j’ai la chance d’avoir quelqu’un qui me dit quand je fais bien (et pas seulement quand je fais mal !) et même qui est capable de me dire comment m’y prendre pour faire bien quand je viens de mal faire, il est clair que cela m’encourage à bien faire. Simplement car ça me fait penser que j’en suis capable (puisque les autres le disent!).
Cette un peu longue présentation du concept de sentiment d’efficacité montre le problème rencontré par beaucoup des personnes travaillant dans les structures d’aide à l’insertion :
- on leur confie des jeunes qui, même s’ils ne sont pas toujours parmi les plus désemparés (quoique…), font partie de la population la plus difficile à insérer (statistiques à l’appui !). La réussite est d’emblée difficile à atteindre et les “échecs” sont nombreux. Bien sûr, “il faut s’accrocher!” et beaucoup de professionnels en effet s’accrochent. Mais il est clair que c’est tout de même plus difficile que de trouver des postes pour les diplômés des meilleures écoles… et que l’échec est plus souvent au rendez-vous que la réussite.
- ce premier constat est renforcer par le fait que l’image de ces structures, dans l’esprit du public comme dans celui des médias (et parfois des politiques), est le plus souvent déplorable. L’image que les professionnels se font de leur action et l’image que les “bénéficiaires de celui-ci s’en font est forcément pas bonne.
- es commentaires qui vont le plus souvent de pair avec cette image de l’action de ces structures, ne sont pas de nature à encourager les professionnels. Pour ne prendre qu’un exemple, à force de dire que les conseillers d’orientation de l’Education nationale sont nuls, que les parents les trouvent inefficaces… qu’espère-t-on sinon la prédiction auto-réalisatrice. Si mon patron passe sa journée à me traiter de nul, il est sûr que je finirai par l’être réellement.
Il me semble donc que plutôt qu’une action d’évaluation (a-t-on des doutes sur le constat qui en sortira et ce constat n’at-il pas déjà été fait à plusieurs reprises ?) il me semble que la réflexion devrait plutôt porter sur :
- la prise en compte des difficultés réelles et le rassemblement des efforts du plus grand nombre (entreprises, politiques, citoyens…) pour trouver des idées nouvelles et porteuses pour essayer de positiver et renouer avec la réussite. Le problème n’est jamais la difficulté réelle d’obtenir des réussites mais toujours la croyance dans le fait qu’on n’a pas d’action possible pour les atteindre. Les agents de ces structures ont peu de culture de l’entreprise ê Que chacun se mobilise pour leur en apporter. Cessons de tout attendre en pensant que puisque ces gens sont payés pour ça ils n’ont qu’à le faire. Cessons aussi de croire que ces personnes sont des moutons à 5 pattes : à la fois formés à la relation d’aide et en même temps doté d’une expérience en entreprise (et dan stout un tas de secteurs qui plus est !). En ayant des attentes plus raisonnables t en apportant notre propre pierre (il s’agit tout de même du sort de NOS enfants) alors on pourra râler si tel ou tel ne fait pas le job. On pourra être exigeants.
- valoriser chaque expérience réussie. Faire savoir, inciter au partage d’expériences et à la capitalisation des connaissances sur ce qui marche et pour qui. Allez rêvons, à l’instar des MOF (meilleurs ouvriers de France) créons les les MCIF, meilleurs conseillers en insertion de France. Mettons à l’honneur les initiatives, montrons que c’est possible…” puisque certains y arrivent”.
- enfin, mettons de côté les discours simplistes sur l’inefficacité des structures, le mauvais accueil des jeunes, l’absence de résultat… Il ne s’agit pas de caresser dans le sens du poil ou d’être dans la méthode Coué, il s’agit tout simplement de ne pas se décharger un peu facilement sur des structures qui ne font peut-être pas pire que ce que nous ferions nous-mêmes. Ne nous contentons plus de stigmatiser, de pointer ce qui ne va pas. Apportons des idées sur ce qui pourrait être fait, allons discuter avec le sprofessionnels, soyons avec plutôt que contre eux.
L’objectif est rien de moins que créer un cercle vertueux : que les professionnels de l’insertion se sentent un peu moins isolés, un peu plus valorisés, un peu mieux outillés et il développeront un sentiment d’efficacité personnelle et coective, du coup leur public, les jeunes, croiront un peu plus dans la capacité de ces professionnels à les aider utilement et, du coup aussi, les jeunes développeront leur propre sentiment d’efficacité personnelle.
Je suis directeur de Mission Locale depuis 4 ans et n’ai eu de cesse depuis ce temps de répondre à des audits (Conseil Régional IDF), à des Conventions Pluriannuelles d’Objectifs (Etat) et à des instances (CA, AG, bureaux) devant lesquelles je dois, et cela est bien normal, rendre des comptes sur les performances et résultats qualitatifs et quantitatifs de ma structure.
Les évaluations sur critères sont donc régulières et conséquentes… et pour, en retour de la part de nos financeurs (Etat, Europe, Région, Villes, Département qui se gardent bien d’être eux-mêmes évalués.), quels résultats ?
- disparition des fonds européens sur 3 ans (qui étaient au départ des fonds Etat… sans commentaire),
-diminution de moitié des fonds d’aide aux jeunes (FIPJ aides directes),
- suppression des aides liées à l’hébergement des jeunes depuis 2 ans en Seine Saint Denis),
-stagnation des crédits municipaux qui ne peuvent/veulent prendre la relève de ces désengagements.
- Dininution des crédits CUCS pour les villes concernées en ZFU…
J’arrête là cette litanie pesante et ces complaintes qui, toutefois, posent le problème d’une évaluation des professionnels sur le terrain vague miné par ceux la même qui l’exigent. Et ce, dans un contexte économique que nous connaissons tous : augmentation de 30 % des jeunes fréquentant nos structures… avec une baisse de 70 % de nos prises d’offres d’emploi.
Mais que va t-on donc évaluer ? Le manque de responsabilité financière de l’Etat ou des professionnels sous pression constante liées aux flux et aux demandes d’urgence ? Peut-on évaluer avec le même entrain une structure financée à 470 ‘ par jeune (tout financeur confondu) et un cabinet de placement financé à hauteur de 7000 ‘ par jeune placé en emploi (version contrat d’autonomie de Mme Amara). Pour ma part et selon les mêmes critères, j’attendrais donc que l’Etat me finance à hauteur de…. 6 860 000 ‘ (980 jeunes placés à 7 000 ‘) au lieu des maigres 230 000 ‘. Evaluons, évaluons…
Nos structure n’ont pas attendu pour innover et s’évaluer :
- réorganisation des structures et des équipes,
-développement d’outils pédagogiques,
-mise en place d’outils organisationnel et comptable,
-animation de réseaux locaux (en lieu et place des élus tout bord confondus car en dehors des périodes électorales bien sûr…).
Le travail d’accompagnement des jeunes vers l’emploi est colossal, tant notre pays a du retard. Synonyme de punition (à l’école, on est (é)conduit vers les filières professionnelles lorsque l’on a de mauvaises notes ! et c’est du vécu…) ou de maladie mentale (via les psychologues de l’orientation pour être aider), l’insertion professionnelle est à revisiter de fond en comble. C’est à mon avis nos conceptions sur la jeunesse et sur nos politiques de formation mises en oeuvre jusqu’à présent qu’il faut évaluer et non les acteurs de terrain qui agissent au gré des orientations fluctuantes et paradoxales dans un contexte financier misérabiliste. L’insertion professionnelle en France équivaut à la théorie du quatrième pied du tabouret : il est là et on en parle mais ne sert à rien…
Pressons nous donc de réfléchir ensemble et d’innover sur nos institutions et nos pratiques, plutôt que de chercher à évaluer un existant bien mal en point effectivement.
Et comme le dit Michel Godet, “bien plus qu’un projet de société, nous avons besoin d’une société de projets”.
Bonjour
Vous pouvez aller sur mon site avec, entre autres, les 2 derniers articles à la suite du rapport parlementaire sur les écoles de la deuxième chance et l’évaluation des dispositifs d’insertion.
Bonjour,
C’est une question complexe, le principale problème est que les structures de formations sont en général mal adapté aux réalité du monde de l’entreprise. Il est donc impossible de mesurer l’efficacité d’une structure avant plusieurs années.
Nous voyons en effet que pour un jeune, il est très difficile d’accéder à un premier emploi. Il est donc manifeste qu’il y a un problème. A mon avis, le plus grand désavantage des formations dispensés à l’heure actuelle est que les intervenants sont généralement des universitaires déconnectés des réalités du monde du travail. Je pense donc qu’il serai bon de changer les méthodes de recrutement des enseignants, ou tout du moins de présenter aux élèves un enseignement sur les techniques de recrutement.
Bonjour,
Personnellement, je pense aussi qu’il faudrai les évaluer. Pour cela, il suffirait mettre en place un système qui permettrai de savoir quel est le pourcentage ont trouvé un emploi. Je pense que ces données devrai être obligatoire et publiques. Cela permettrai de savoir la valeur d’un établissement par rapport à un autre.
A mon avis ça serai une bonne chose.