Après les visites de Port-Jeanne-d’Arc et de St-Théodule, j’arrive pour le déjeuner sur l’île Longue, au site de Port-Bizet où se trouve le troupeau de moutons de Kerguelen et la maison de Christian, le berger employé par la réserve.
Nous faisons le point avec lui, Cédric Marteau, le directeur de la réserve, Patrick Venant, le secrétaire général des TAAF, et Yves Frenot, le directeur de l’IPEV, sur l’élimination progressive des moutons.
Le mouton est, comme tous les mammifères terrestres de l’île, une espèce introduite par l’homme. Une première tentative avait été faite par les Bossière, en 1913, à Port-Couvreux dans le Nord de l’île. A l’époque, ils voulaient y implanter un élevage ovin extensif du type de celui pratiqué aux Malouines ou en Patagonie mais l’échec avait été dramatique. Une nouvelle tentative a été effectuée et réussie à partir de 1952 sur l’île aux Moules par l’introduction de cinq moutons Bizet du Cantal. Puis, en 1955 et 1956, le troupeau a été renforcé. Bien des années plus tard, l’île aux Moules étant devenue trop petite, le troupeau a été déplacé sur l’île Longue, la plus grande du Golfe. Elle fait 17 km de long. Le cheptel y a dépassé les 3 500 têtes avant le début des mesures de régulation.
Le classement en réserve naturelle des TAAF a donné un nouvel élan à la réflexion sur le devenir du mouton. Celui-ci a un impact important sur le milieu : partout où il se trouve la végétation naturelle a disparu et il accélère l’érosion des sols. Plus encore, sur l’île Longue, du fourrage a été semé par hélicoptère pour assurer sa subsistance. La présence du mouton empêche aussi tout pétrel de nicher en terrier.
Le Préfet a donc pris la décision d’entreprendre son éradication. La méthode retenue est l’abattage des agneaux et la séparation des mâles et des femelles dans des parcs à chaque bout de l’île (cf. photo) pour obtenir l’extinction progressive du troupeau, objectif qui devrait être atteint dans cinq ou six ans. Un berger, un aide berger et un boucher sont employés par la réserve pour effectuer ce travail : clôtures, sélection, abattage. C’est un travail très important et coûteux. Le troupeau produit encore plusieurs centaines d’agneaux par an.
Parallèlement à cela, les agents de la réserve assurent un suivi floristique et faunistique de la zone pour mesurer si les espèces autochtones reviennent où si le recul du mouton ne profite qu’aux invasives présentes sur l’île.
Après cette visite, nous nous retrouvons à table autour de moules justes pêchées et de grillades de mouton. Un moment de convivialité simple avec un soleil radieux. Un magnifique souvenir. Merci Christian.
Commentaires
Il est évident que le le cheptel d’ovins actuellement sur l’ile longue est beaucoup trop important.
Néanmoins pour ce qui me concerne j’ai eu la chance pendant ma campagne d’été 1961-1962
puis de mon hivernage de 1963 -1964 (17 mois à l’époque) de cet apport de viande fraiche
je vous rappelle qu’il n’y avait que deux rotations du Galllieni par an.Conserver un troupeau
d’une centaine de têtes serait une bonne chose.
L’éradication de toutes les espèces non endémiques est un vaste programme quasiment insurmontable (lapins chats rats et bien sur l’Homme)
Monsieur le Sénateur je serais le 16 avril à l’arrivée du Marion et c’est avec plaisir que je vous
parlerais du temps lontan (expression créole) car je fais partie de ce que l’on nomme
la mémoire (encore) vivante des TAAF.
M. Christian Gaudin, sénateur Réponse:
Mercredi 14 avril 2010 le 16:58
Je vous remercie de votre intéret pour le blog et salue avec respect et émotion l’attention et les souvenirs gardés de vos campagnes dans ces iles subantarctiques il y a près de cinquante ans.Votre point de vue sur la présence d’un cheptel mesuré de moutons pour la consommation propre, peut se comprendre dans le contexte de votre expérience passée, cependant le classement en réserve naturelle a relançé la reflexion sur l’impact important causé sur l’érosion des sols et la disparition de la végétation naturelle par la présence du mouton. On a la même situation crée par les bovins à Amsterdam et le Prefet a pris un arreté pour engager l’éradication dans ces deux situations.Il faut aussi bien considérer aujourd’hui, le passage à quatre reprises du Marion Dufresne dans l’année et, l’équipement des bases dans l’utilisation des produits congelés. Vous évoquez également l’introduction de la truite,le sujet est tout autre,ce programme s’applique
dans un milieu,la riviere,totalement vierge,issu du retrait des glaciers. Ce programme doit permettre de définir le modèle d’évolution de l’adaptation de la truite et sa capacité à coloniser un milieu initialement vierge. Je vous remercie de votre attention et j’aurai plaisir à vous saluer peut-être vendredi matin.
Bien à vous.
jacques BALLAY Réponse:
Dimanche 18 avril 2010 le 13:57
Monsieur le Sénateur
Votre réponse a mon commentaire m’a vraiment touché , je devais être vendredi matin au port ouest
mais une chute la veille avec une fracture d’une côte ne m’a pas permis de conduire.
Normalement je dois partir voire mes enfants en métropole la semaine prochaine mais compte tenu
de la situation actuelle je doute que cela soit possible je pense que vous même avez aussi des
problèmes pour rejoindre le Sénat.
Je regrette donc que nous n’ayons pu parler de ce que j’ai appelé le temps lontan, peut être que cela
pourra se faire ultérieurement.
Je vous remercie de m’avoir consacrer un peu de votre précieux temps
Jacques Ballay (Météo campagne d’été 61/62 , hivernage 1963 /1965)