Nous sommes parvenus au petit jour aux abords de l’île St-Paul, une magnifique caldera effondrée et envahie par la mer, accessible par une passe… Je devais y accompagner une équipe scientifique de l’IPEV qui avait plusieurs opérations de maintenance à réaliser, notamment sur un marégraphe et un sismomètre qui sont intégrés aux réseaux d’alerte aux tsunamis dans l’océan Indien.
Malheureusement, St-Paul restera pour moi l’île désirée et mystérieuse. L’équipe IPEV une fois partie en zodiaque, la fenêtre météo se referme, le vent se lève et le brouillard tombe. Trop risqué de quitter le bord.
Depuis le bateau, je vois l’intérieur monumental du volcan dont se dégagent encore quelques fumeroles qui font l’objet d’études scientifiques. Bien distincte, à quelques encablures, se détache la Roche Quille.
Celle-ci a joué un rôle très important dans la préservation des espèces de l’île. Envahie par les rats et les lapins, elle était devenue inhospitalière pour le prion de MacGillivray, un oiseau endémique dont il ne restait que 150 couples au début de ce siècle. Pour sauver cette espèce, les TAAF ont réussi l’éradication des deux prédateurs et les oiseaux reconquièrent progressivement leur terre natale.
St-Paul, c’est aussi une île de légende et de mystère. Légende de ses oubliés, ouvriers d’une conserverie de langouste au destin tragique. Mystère des ossements d’un pétrel fossile, espèce endémique disparue ? Espèce chassée par les rats et qui un jour reviendra ?
L’équipe scientifique remonte à bord par l’échelle de pilote, non sans mal en raison de la forte houle. A l’IPEV en plus de géophysicien, il faut aussi être un peu marin et alpiniste !
Le Marion Dufresne appareille, la corne sonne, laissant St-Paul à la brume.
Quelques minutes après le soleil brille et l’horizon se dégage, nous sommes sur la route d’Amsterdam.
Non licet omnibus in ire Corinthum disaient les Anciens… la nature garde son voile et le voyageur ses rêves.
Commentaires
Pas de commentaires