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Dimanche, 28 mars 2010
Comme toutes les îles subantarctiques, les îles de l’archipel Crozet sont des îles purement océaniques, c’est-à-dire qu’elles ne sont pas détachées d’un continent mais ont surgi de l’océan à la suite d’une activité volcanique. On retrouve sur l’île des bombes volcaniques (à droite) mais aussi des traces de l’origine sous-marine comme ces basaltes érodés en pelures d’oignon qui sont d’anciennes coulées figées et qui s’usent par couches successives.
Samedi, 27 mars 2010
En fin de matinée, je visite à la plage de la Baie du Marin, les shelters de l’IPEV consacrés à l’étude des manchots. C’est l’occasion de voir sur le terrain le programme dirigé par Yvon Le Maho de transpondage des manchots.
Ce programme a débuté en 1998 et permet de suivre près de 6.000 manchots grâce à une puce injectée en sous la peau du manchot à l’occasion d’une opération pratiquée dans une salle spécifique.
Samedi, 27 mars 2010
L’autre plaie de l’île, ce sont les plantes introduites et invasives qui prennent le pas sur une faune autochtone particulièrement fragile.
Cette photo, d’un des versants de la baie du Marin près de la base, l’illustre spectaculairement. Seules les tâches sombres représentent la végétation originelle faite notamment d’Acaena, toute la végétation vert clair à basse altitude est introduite et l’a supplantée.
Samedi, 27 mars 2010
Comme sur d’autres îles, l’impact du rat est directement visible sur le milieu. On voit sa déprédation sur le chou de Kerguelen, dont il mange les feuilles et parfois les graines et l’on retrouve la trace de son passage dans le paysage, les coulées de rat étant très facilement visibles.
Samedi, 27 mars 2010
En découvrant, ce lac, « Le cœur de Crozet », je me remémore la célèbre photographie de Yann Arthus-Bertrand représentant un cœur de sable en Nouvelle-Calédonie, devenue si populaire à la suite de l’exposition La Terre vue du ciel sur les grilles du jardin du Luxembourg, il y a quelques années.
Cette réminiscence au milieu de la beauté qui m’entoure est l’occasion d’un moment de réflexion intérieure.
Sur cette île dite de « La Possession », car c’est là que la France a fait juridiquement acte de prise de possession de l’archipel Crozet, je m’interroge sur le rôle de l’Homme dans ces territoires. Sommes-nous vraiment les possesseurs, les usufruitiers, de ce bien ?
Samedi, 27 mars 2010
Accompagné du Discro et du secrétaire général des TAAF, je passe l’après-midi à faire une visite technique de la base avec tous les chefs de service. Au garage, la préoccupation est de se préparer à la réduction des volumes PARTEX et donc de s’organiser pour maintenir et conduire les différents engins. Plus loin à la chaufferie et à la centrale électrique, on me présente les nouveaux équipements déjà installés ou en voie de l’être et qui vont permettre d’importantes économies d’énergie. Là aussi, le personnel militaire est à la manœuvre, incontournable.
Samedi, 27 mars 2010
J’arrive sur l’île dans le 2e hélicoptère avec le courrier, le sous-préfet, secrétaire général des TAAF, Patrick Venant, m’ayant précédé, lui aussi accompagné du courrier.
Je suis accueilli par le chef de district de Crozet, le 47e DISCRO en Taafien, Sylvain Duvacher.
Samedi, 27 mars 2010
Pour nous, l’arrivée sur Crozet est une immense émotion. L’effervescence est forte à bord et tout le monde attend le contact avec les animaux.
C’est un véritable opéra sauvage !
Vendredi, 26 mars 2010
S’est déroulée à bord une curieuse et sympathique cérémonie. Comme toutes celles qui ont lieu sur le Marion, le Pacha en grand uniforme y a présidée. Il s’agissait, regroupés autour de la grande paillasse du PC scientifique d’apposer les cachets et signatures nécessaires au postage du courrier.
En effet, comme sur tout navire, il est possible de poster du courrier. Il reçoit alors trois marques obligatoires avant d’être déposé à l’agence postale : la signature du Commandant, le cachet de la compagnie et la mention « Posté à bord ». Cachets auxquels peut s’ajouter la mention « Paquebot » si l’enveloppe est munie d’un timbre métropolitain et non des TAAF, ce qui est possible puisque le navire est sous pavillon français.
Vendredi, 26 mars 2010
Nous avons passé cette nuit, vers 3h30 du matin, la ligne du 40e degré de latitude Sud qui marque l’entrée des « 40èmes rugissants ». La mer y est pourtant plus calme qu’hier. Elle ne moutonne plus. Par contre nous nous réveillons dans le brouillard au son de la corne de brume du Marion Dufresne et la pluie a chassé le soleil. Nous descendons toujours plein Sud à pleine vitesse comme l’ont noté les officiers de quart sur le Log book de la passerelle du Marion. L’occasion de relever que le blog ou web log book est le descendant direct des journaux de bord des navires.
C’est notre dernière journée de mer avant l’archipel Crozet et l’île de la Possession où se trouve la base Alfred Faure. Le bateau devra être positionné pour les opérations logistiques à 6h30.
Chers internautes, l’Office parlementaire des choix scientifiques et technologiques m’a confié le 9 février la responsabilité de préparer un rapport d’évaluation de l’action de notre pays dans ses îles subantarctiques, tout particulièrement dans les domaines de la recherche et de la protection et de la gestion de la biodiversité. A travers ce blog, je souhaite vous tenir informé de mes investigations au fur et à mesure de leur progression. J’espère que vous me ferez part de vos idées et de vos expériences. J’attends avec impatience de pouvoir vous lire et m’efforcerai de répondre très rapidement à vos contributions.
