taaf120 La mouche de ma chambre : le chaînon manquant ?Il y a une mouche dans ma chambre ce matin, cela me surprend, à Crozet, je les avais presque oubliées. A priori rien de plus banal, pas bien excitant cette découverte sur Kerguelen !

  

 

taaf214 La mouche de ma chambre : le chaînon manquant ?En fait, la vraie mouche autochtone de Kerguelen, je l’ai déjà brièvement présentée, est sans aile, « aptère ».Les mouches ailées sont des espèces introduites par l’homme et invasives. Elles ont un rythme de reproduction beaucoup plus rapide et sont évidemment avantagées par leurs ailes pour peu qu’il n’y ait pas trop de vent.

 De là, résulte deux questions scientifiques très intéressantes, qui occupent quelques chercheurs ici et dans le monde : 1- la problématique de l’invasion : dispersion, colonisation, devenir de l’autochtone, 2- la question de l’évolution et de la sélection des espèces : la mouche ailée va-t-elle devenir aptère ?

 Je voudrais insister sur ce dernier point. L’aptérisme de nombreux insectes dans les régions subantarctiques s’expliquent par deux raisons. La première est le vent, les essais en soufflerie (si, si, c’est véridique) montre que la mouche ne peut pas voler au-delà de quelques dizaines de nœuds, autant dire qu’à Kerguelen, elle est vite à la mer. La deuxième est la nécessité de constituer des réserves de graisse pour passer les périodes de disette. Les mouches sont nécrophages et sur ces îles, tout vient de la mer et particulièrement des manchots. Quand ils sont partis, il n’y a plus de nourriture. Il faut attendre et, sans aile, difficile de trouver un autre site pour se nourrir : la quadrature du cercle.

Les mouches ailées, elles, se développent au fur et à mesure que la température augmente, dixième de degré par dixième de degré, elles arrivent ainsi à conjuguer leurs deux avantages : vitesse de reproduction et vitesse de déplacement. Cependant, leurs ailes sont pour elles un handicap. Vont-elles s’adapter et réduire progressivement la taille des ailes, en modifier la forme ? Une démarche similaire chez les pucerons introduits montre un taux très élevé de malformation des ailes : un signe de l’évolution en marche ?