Lors de la même réunion, la mission a entendu Danièle Linhart, sociologue du travail, qui a replacé le sujet dans une perspective historique : la souffrance au travail n’est pas nouvelle, estime-t-elle, mais les salariés appartenaient autrefois à un collectif de travail qui leur apportait solidarité et entraide ; en outre, leur souffrance avait, à leurs yeux, un sens politique : elle était l’expression de rapports de domination et d’exploitation à l’œuvre dans la société. Aujourd’hui, les salariés se sentent seuls face à leurs difficultés, ils ont le sentiment d’être victimes d’injustices qui les affectent individuellement ou de ne pas être à la hauteur de leur tâche. Ceci explique que les situations de mal être au travail soient vécues plus douloureusement.