Dans l’école de Jules Ferry, les élèves suivaient un enseignement littéraire qui correspondait à la place du livre dans la société de la fin du XIXe siècle. Plus d’un siècle après, alors que la radio, puis la télévision et enfin Internet sont venus concurrencer, puis dépasser le livre et les journaux comme sources privilégiées d’information et de communication, l’enseignement est resté fondé sur l’analyse de texte et l’interprétation littéraire. Sage inspiration ou une inertie dangereuse ?
Sans idéologie mais parce que les études démontrent que l’école est de moins en moins une référence centrale pour les élèves, il me semble qu’il faut alerter l’êducation nationale sur l’urgence de la situation. Comme l’ont souligné deux professeurs américains, « chaque mois, 2,7 milliards de recherche sont lancées sur google ? Or, à qui posait-on ces questions avant google ? »
Je ne dis pas que l’éducation nationale est restée les bras ballants depuis trente ans. Il existe en effet un centre d’éducation aux médias : le CLEMI, qui a engagé de nombreuses actions en faveur de l’éducation aux médias et de l’utilisation des nouvelles technologies dans l’enseignement.
Le 17 avril, j’ai rencontré Mme France Renucci, présidente du CLEMI et Mme Evelyne Bevort, directrice. Elles ont beaucoup insisté sur la formation des professeurs à l’éducation aux médias, dispensée par le CLEMI. En outre, et c’est à mon avis une une bonne chose, l’éducation aux médias fait partie du socle commun de connaissances et de compétences que doit maîtriser tout élève à la fin de la 3ème. C’est aussi l’un des axes du B2i.
Mais, on ne sait pas si les professeurs font vraiment de l’éducation aux médias. Aucun chiffre, aucune donnée n’existe sur la question. Le rapport de l’Inspection générale de l’éducation nationale censé faire l’état de lieux de cet enseignement ne cite ainsi aucun élément chiffré. Et tout cela ne résout pas notre question principale : comment faire pour que les élèves puissent développer une analyse critique de l’image et de l’information diffusée sur Internet ?
Il faut d’abord se débarrasser de l’idée que l’éducation aux médias est la même chose que d’apprendre à se servir des nouvelles technologies. Eduquer aux nouveaux médias, c’est apprendre aux enfants à prendre une distance critique par rapport aux informations diffusées sur le média qui leur est le plus familier : Internet. Et à mon avis cela n’est possible qu’en partant de leur utilisation et de la confiance spontanée qu’ils accordent aux sites Internet. Il faut s’appuyer sur leur culture numérique. L’utilisation de blogs par les professeurs donne une bonne idée de ce que peut être une utilisation pédagogique et intelligente d’Internet (voir l’article sur “l’informatique à la maternelle“, dans le numéro 368, avril 2008, du Monde de l’éducation).
Mais, pour aller plus loin, que faut-il concrètement mettre en place :
- un cours spécifique dédié à l’éducation aux médias ?
- un peu d’éducation aux médias distillée dans chaque matière, sous la forme d’un quota d’heures ?
- une obligation d’utiliser les nouveaux médias comme support des cours d’éducation civique ?
Autant de questions sur lesquelles je n’ai pas de religion. Vos interventions me permettront, je l’espère, de faire avancer mon analyse.
Commentaires
rapidement ce soir, il n’ya certainement pas une obligation d’utiliser les nvx médias mais à en tenir compte, l’obligation supposerait une relation unique or ce n,’est pas le cas
pour moi , nécéssité de garder des ouvertures, je ne sais comment dire autrement, des ouvertures qui sont à mettre en lien avec notre histoire qui elle date , n’est-ce-pas
Bonjour David
J’ai lu avec attention les premières réflexions que vous avez mises en ligne…
j’ai la chance d’animer avec d’autres personnes un réseau d’acteurs très impliqués sur ces questions qui échangent leurs questionnements, leurs expériences, les compétences qu’ils ont acquises dans l’intégration des nouvelles technologies pour apprendre…ce réseau s’appelle Apprendre 2.0 (réseau francophone d’échanges de pratiques et de savoir autour de Apprendre 2.0), il regroupe à ce jour 156 personnes de différentes natonalités (français, québéccois, suisses, belges, marocains, portuguais, grecs, américains, anglais…etc…) avec des profils variés (éducateurs, formateurs, consultants, conseillers pédagogiques…) Cette variété fait toute la richesse de ce réseau ! Nous y parlons principalement français…les sujets sont denses, riches et les conversations passionnantes…l’éducation aux média y est bien sûr abordée : nous avançons de façon très concrète car c’est là le point essentiel de ce collectif : agir à partir du terrain et avec les acteurs directement concernés…ce qui ne nous empêche pas aussi de prendre du recul sur des questions plus fondamentales !
Vous l’aurez compris ce qui me semble aujourd’hui très important c’est l’accompagnement des acteurs sur ce champs…il y a beaucoup à construire AVEC eux !
http://apprendre2point0.ning.com/
Je suis pleinement d’accord sur l’intérêt que devrait davantage porter l’éducation nationale quand à l’éducation aux médias en direction des enfants et des jeunes. Néanmoins, il est nécessaire de renforcer d’autres champs d’investigation, complémentaires de l’école. En effet, aujourd’hui, certaines associations d’éducation populaire mettent en oeuvre bien des actions d’éducation aux médias. Les pouvoirs publics devraient mieux les accompagner et les soutenir.
Ces associations, pour certaines, organisent et/ou interviennent au sein des accueils de loisirs, des séjours de vacances. Ceux-ci doivent aussi à mon sens être et/ou devenir un pilier fort pour l’éducation aux médias.
Pour ma part, conseiller d’éducation populaire et de jeunesse au sein d’une DDJS, j’accompagne des animateurs et propose en partenariat avec une MJC des formations continues spécifiques (analyser et comprendre les médias, monter un plateau TV…). Ensuite, les animateurs eux-mêmes conduisent des projets avec les enfants et les jeunes sous forme d’ateliers, de créations… Ainsi, les enfants et les jeunes ont l’occasion de prendre du recul sur la multitude d’images qui les innondent. Grain de sable oui, mais petit à petit, accompagner ces projets permet de les rendre quelque part acteurs et critiques des images vues.
Alors oui au renforcement de l’éducation aux médias au sein de l’école mais n’oublions pas également le rôle éducatif essentiel que jouent les accueils collectifs de mineurs aujourd’hui. Ne négligeons pas ce pilier de l’éducation non formelle et soutenons davantage nos associations qui travaillent sur ces thématiques.
Philippe RONDOT, Conseiller d’Education Populaire et de Jeunesse.
La question de l’éducation aux médias et plus largement de la recherche sur Internet dont vous faites part dans votre billet, correspond parfaitement au travail réalisé par de très nombreux documentalistes dans leur établissement. En effet, nous avons à disposition le matériel informatique et les abonnements aux médias dans les Centres de Documentation et d’Information.
Cette question transdisciplinaire est un moment fort notamment au moment de la Semaine de la Presse qui se déroule au mois de mars. Elle permet de constituer de nombreux projets en relation avec les enseignants de discipline pour des séquences pédagogiques variées : création de Une, revue de presse, comparaison des informations entre support papier et support informatique, écriture d’article, défi Internet sur la presse étrangère…
Donc malgré l’absence de statistiques (peut-être par l’intermédiaire d’une remontée au CLEMI), les élèves sont de plus en plus formés et les documentalistes y jouent un rôle non négligeable.
Bonjour,
un cours spécifique dédié à l’éducation aux médias me semble impératif. Ils faut instruire la jeunesse des effets pervers de l’internet et de ses dérives.
Un quota d’heure qu’elle en serait la raison ?
l’obligation d’utiliser les nouveaux médias ne doit pas se cantonner uniquement sur les cours d’éducation civique mais sur toutes les matières.
HD
J’ai lu avec beaucoup d’intérêt votre billet qui pose très bien le problème. Je pense, comme vous, que la France est très en retard dans l’éducation aux médias…
Je suis directeur d’école et membre du CLEMI et donc très concerné par les différents aspects de ce problème, en tout cas pour le premier degré.
Permettez-moi de vous donnez mon avis sur les pistes que vous soumettez pour mettre en place une telle éducation : la première risque d’être vécue par les enseignants comme une “nouvelle matière à enseigner” et donc, rejetée immédiatement (j’esquive, à dessein, le débat sur la *supposée* polyvalence des maîtres).
La seconde me paraît peu opératoire, car elle demande une capacité à travailler de manière transversale, ce qui est très peu encouragé en ce moment…
La troisième est sans doute la plus intéressante, car l’enjeu majeur d’une éducation aux médias relève à coup sûr de l’éducation civique : c’est bien d’abord parce qu’on veut former des citoyens éclairés qu’on souhaite qu’ils sachent décrypter les messages médiatiques et opérer une distanciation.
Peut-être faut-il aussi chercher du côté des projets d’école : encourager un volet *éducation aux médias* dans les projets d’école permettrait peut-être à des enseignants de se lancer.
Mais le corollaire à tout ceci serait une formation de ces enseignants, dans le cadre de la formation continue, sous la forme par exemple de stages d’école.
Qui est prêt à relever ce défi ?
Bonjour,
Ayant appris l’existence de ce blog par l’intermédiaire du café pédagogique, je me permets de réagir. Enseignante de philosophie dans un lycée de la région parisienne, je suis quant à moi très inquiète de la facilité avec laquelle les enfants et adolescents peuvent accéder à des images violentes et/ou pornographiques. Nous avons ainsi découvert avec stupéfaction qu’un certain nombre d’élèves de 6è (y compris des filles) de notre établissement avait des vidéos pornographiques sur leur téléphone portable, les regardaient aux inter-cours et se les échangeaient.
La solution, selon moi, pourrait résider :
1. dans une *enquête sérieuse* auprès des enfants et adolescents pour se rendre compte du nombre d’entre eux ayant déjà vu des images ou entendu des propos à caractère pornographique et/ou violent et sur quel support média, ainsi que du jugement qu’ils portent sur ceux-ci.
2. dans une décision résolue des pouvoirs publics *d’informer et de communiquer massivement* sur les dangers des medias afin d’appeler les enfants et les parents à une très grande vigilance (jeux vidéos violents, logiciels de contrôle parental, y compris sur les téléphones portables, etc.)
3. *responsabiliser les medias* à destination des jeunes (cf radio, éditeurs de jeux vidéos, télévisions, magazines pour la jeunesse, opérateurs mobiles, etc.)
4. *développer l’esprit critique des enfants*, non pas par des cours d’éducation aux médias, mais par des *cours d’esprit critique*, mis en oeuvre par des professeurs spécifiquement formés pour cela et dont nous sommes nombreux à défendre la mise en place dès la maternelle depuis plusieurs années, aux côtés de l’Unesco, mais sans succès auprès des instances ministérielles. De très nombreuses expériences de ce type, un peu partout dans le monde, ont eu lieu sous le nom de “philosophie avec les enfants” et ont fait la preuve de leur efficacité. (plus d’infos sur http://www.philolab.fr : lien en page d’accueil avec le dernier rapport de l’Unesco sur ce sujet).
Cordialement,
D’un point de vue éducatif, la situation me semble paradoxale: conditions favorables à l’usage du web et des supports numériques mais très faible usage au quotidien dans les établissements scolaires!
Sachant que les jeunes passent + de 2h par jour devant un écran et que le temps passé sur internet prend le pas sur la télé, il faut bien se rendre à l’évidence que leurs pratiques médiatiques deviennent des pratiques essentiellement domestiques et solitaires… ou du moins postées.
Une étude récente de l’Université de Montréal montre une moyenne de 30 heures par semaine de télé ou d’ordinateur chez les ados. En outre, “Les adolescents habitant des secteurs défavorisés sont plus susceptibles d’être rivés à leur télé ou à leur ordinateur durant de longues périodes.”
Philippe Merrieux alerte souvent sur le risque induit d’un décalage entre une culture souterraine chez les jeunes et la culture scolaire indispensable à un élève.
Même chose du côté des enseignants, qui sont suréquipés en matériel informatique et utilisent facilement internet pour préparer leurs cours… mais pas du tout pour faire cours !
Il ne faut certainement pas limiter les expériences TIC avec les élèves mais au contraire les intégrer massivement dans la pratique ordinaire de l’éducation et de la formation. Le savoir-faire enseignant, l’accompagnement pédagogique des profs, des formateurs ou des animateurs devraient prendre toute sa place au cêur de nouveaux dispositifs d’apprentissage. Inventer des pratiques ludiques avec les élèves, apprendre à apprendre, avec la lecture, l’écriture, le calcul et le web comme support
N’est-ce pas en revenir aux fondamentaux de l’éducation?
Bonjour,
j’ai lu votre “post” et je me permets donc d’y apporter mon avis et ma vision des choses comme vous le demandez.
Je pense qu’un cours spécifique sur le sujet est nécessaire et qu’il serait plus efficace que quelques heures sur ce thème distillées dans chaque matière. Car les enfants n’y verraient alors pas le caractère globale et ne feraient pas tous les rapprochements nécessaires qui leur permettraient d’étudier ce sujet dans sa globalité avec tous les points particuliers qui s’y rattachent.
Un cours dédié me parait donc plus adapté,d ‘autant qu’il y a énormément de choses à dire, à montrer, à expliquer…
Et cela n’empêche pas de mettre également en place votre 3è proposition qui est de faire les cours d’éducation civique via les nouveaux médias.
Votre blog soulève un bien grand nombre de questions.
D’une part, les nouveaux médias accroissent certains changements notamment liés au web 2.0 sur le passage de l’autorité à la popularité.
Je vous renvoie à quelques uns de mes article sur le sujet
- « Culture de l’information et web 2.0: Quelles formations pour les jeunes générations ? » Doctoriales du GDR TIC & Société, Marne-la-Vallée.15-16 janvier 2007
‘ Le succès du web 2.0 : histoire, techniques et controverse.
‘ Autorité et pertinence vs popularité et influence : réseaux sociaux sur Internet et mutations institutionnelles.
Divers
Et in arcadia ego : vers une culture de l’ information et de la communication. Billet de l”invité d’Urfist-info du 31 août 2007.
D’autre part, en ce qui concerne l’éducation aux médias, il faut désormais entrer dans une logique plus ambitieuse qui dépasse la seule éducation à et la simple volonté de former aux outils. Il convient donc de former les élèves à une culture de l’information qui prenne en compte à la fois la dimension technique et communicationnelle. Les anglosaxons travaillent ainsi sur des notions comme la translittératie pour analyser ces mutations et envisager de nouvelles pistes pédagogiques. Les jeunes générations ne sont pas tous d’ailleurs des digital natives loin de là.
Olivier Le Deuff
Professeur-documentaliste
Doctorant en Information Communication
http://www.guidedesegares.info
http://www.culturedel.info/cactusacide
Bonjour,
J’attire votre attention sur l’expérience d’éducation au média internet que je mène depuis trois ans : un atelier scolaire consacré au média internet dont les analyses sont retranscrites sur un blog tenu collectivement par les élèves et moi-même.
Sur ce blog, récompensé par l’êducation Nationale et lors du Festival de l’Expression sur Internet à Romans, élèves et professeur apprennent, échangent et partagent leurs connaissances, font part de leurs astuces, proposent des éléments de réflexion sur ce formidable outil dont les jeunes internautes ont su s’emparer avec parfois trop de spontanéité.
Je partage depuis toujours la conviction qu’on ne naît pas internaute, mais qu’on le devient, devise qui figure d’ailleurs sur notre blog, que je vous invite à découvrir.
Cordialement,
Mme Membrey
Bonjour,
Etant moi même étudiante en communication, j’ai pu observer l’avancée d’Internet comme support de recherche.
Ainsi, il semble primordial de sensibiliser/prévenir les plus jeunes aux nouveaux medias, car de toute façon ils le découvriront d’eux même tôt ou tard.
Pourquoi ne pas rajouter sous forme d’une journée d’initiation en primaire: cours le matin, pratique l’après-midi.
Après encore faut-il qu’il y ait des ordinateurs pour tous…ou un lieu disponible a cet effet.
Je pense aussi que l’information doit passer par les parents d’éléves. La responsabilisation n’est pas celle uniquement de l’Etat, les parents doivent jouer leur rôle d’éducateurs, ils sont dépassés par les nouvelles technologies avec lesquelles les enfants prennent une indépendance de plus en plus précoce notamment avec les téléphones portables.
Bonjour,
Je me félicite de votre initiative. Je suis le fondateur du WebPédagogique. Nous hébergeons près de 4 000 blog de profs utilisant un outil simple pour faire un usage d’Internet avec leur élèves. Nous accueillons 500 000 visiteurs chaque mois. Je crois que notre initiative pourra sans doute enrichir vos réflexions. Je suis à votre disposition pour partager notre expérience encore modeste, mais je le crois révélatrice d’un mouvement profond.
Cordialement,
Vincent Olivier
vincent@lewebpedagogique.com
Comment se vit le numérique dans les écoles ? Il me semble qu’on est loin de l’éducation aux médias.
Des enseignants qui maîtrisent l’informatique utilitaire, on en trouve. Des enseignants qui pratiquent l’informatique informative, il faut les chercher.
Pourquoi ce blocage ? Je m’imagine devant une classe de 30 élèves assis devant 15 écrans connectés à l’Internet. Je dois m’assurer de 3 paramètres :
1- je maîtrise la technique,
2- le matériel est homogène et fiable,
3- je connais les risques et opportunités du média.
Comment répondre à ces exigences ?
1- l’Education nationale m’a formé pendant ma formation initiale et tout au long de ma vie. C’est l’objet du C2I expérimenté en IUFM, et qui est à la hauteur des cours dispensés à l’IUFM, c’est-à-dire lamentable. Et ce ne sont pas les Inspecteurs et autres conseillers pédagogiques qui vont relever le niveau. Le CLEMI peut occuper le rôle de formation-sensibilisation continue. Mais il suffit de lire son rapport d’activité pour se rendre compte qu’une petite partie de stagiaires est formée (25000 en 2005-2006). Donc il reste du travail dans ce domaine.
2- c’est maintenant, après la politique de terre brûlée pratiquée par l’Etat, aux collectivités d’assumer cette fonction d’achat et de maintenance du matériel.
3- au fond dans l’enseignement, l’Internet n’est qu’un outil au service de la pédagogie. C’est aux professeurs de l’adopter. On se rend compte que ceux qui utilisent l’informatique, c’est parce qu’ils s’y sont intéressés personnellement. Ils se sont fait leur propre apprentissage, dans le temps. Et c’est ce cheminement qu’ils vont proposer à leurs élèves.
Pour développer l’esprit critique, il faut au préalable donner accès à l’information. Le problème majeur bloquant les usages reste aujourd’hui la méfiance. Qui ne connaît pas rejette. Il faut donc préparer les enseignants. A partir de là, tout se décantera. Les salles informatiques s’ouvriront, les CDI deviendront de vrais lieux de recherche multi-supports…
Je ne sais pas quel forme doit prendre l’éducation aux médias : je ne suis pas pédagogue. Mais l’acquisition du réflexe critique est un travail de longue haleine, qui peut être mis en oeuvre dans toutes les matières, de façon récurrente.
L’apprentissage de la citoyenneté ne se transmet pas, il se vit. Nous avons simplement parfois besoin de quelqu’un qui stimule notre curiosité et notre capacité d’analyse.
“On ne naît pas internaute… on le devient !” est le blog d’un club informatique de collège tenu par une enseignante. Ce club édite ses travaux collectifs d’analyse du média Internet. C’est un exemple concret d’éducation aux médias, qui est malheureusement trop rare. Il reflète à lui-seul un moyen efficace d’agir : http://cicla71.typepad.com/cicla71/.
Michaël PAUTRAT, Conseil général de Saône-et-Loire, Responsable informatique collèges.
Pour une éducation aux médias et à l’information efficiente
Ivana Ballarini-Santonocito
Professeur documentaliste – Doctorante – Membre de la FADBEN
et de l’ERTé « Culture informationnelle et curriculum documentaire »
Je partage tout à fait votre avis sur le manque d’éducation efficiente aux médias dans l’enseignement actuel. Certes, les intentions existent (création du CLEMI et incitation dans les textes officiels, prise en compte dans le socle commun…) mais la concrétisation sur le terrain reste aléatoire et, disons-le, inopérante car non encadrée par un curriculum formalisé, dont la mise en oeuvre serait généralisée dans un cadre horaire défini pour chaque niveau d’enseignement et confiée à un enseignant ayant reçu une formation spécialisée dans ce domaine.
Un autre handicap, me semble-t-il, tient au fait que cette éducation est considérée comme non spécifique, « transversale » et donc relevant de toutes les disciplines. Cette éclatement disciplinaire ne favorise pas la cohérence des apprentissages propres au domaine de connaissance particulier que recouvre l’éducation aux médias et, plus largement, à l’information. Le récent rapport sur l’éducation aux médias que vous évoquez pointe et fait ressortir ces carences.
Or, il existe dans le système éducatif français un corps d’enseignants spécialisés dans le domaine de l’information et de la documentation, il s’agit des professeurs documentalistes, recrutés par un CAPES en sciences et techniques documentaires et régis par une circulaire (1986) qui les charge d’une mission pédagogique de formation des élèves.
Les professeurs documentalistes ont toujours pris en charge des formations liées à l’éducation aux médias et à l’information. Mais, contraints à un travail en partenariat avec les collègues des autres disciplines, sans obligation pour ces derniers ni de concevoir des séquences sur les médias, ni de travailler avec le professeur documentaliste, les formations qu’ils mettent en place ont peu d’impact et aucun programme systématique et progressif ne peut être envisagé. Ces formations restent ainsi soumises aux aléas des conjonctures propres à chaque établissement et relèvent plus du « saupoudrage » éducatif que d’un véritable enseignement visant des objectifs d’apprentissages précis et construits.
Depuis de nombreuses années, les professeurs documentalistes revendiquent la reconnaissance et la formalisation des contenus d’enseignement qui relèvent de leur domaine de spécialité, à savoir l’information-documentation, domaine qui recouvre les connaissances relatives aux médias. Ces revendications sont portées, depuis sa création en 1972, par la FADBEN, association professionnelle des professeurs documentalistes de l’Education nationale, qui, face au vide institutionnel, à toujours été force de proposition en matière de pédagogie et de didactique de l’information. Elle conduit une réflexion féconde et son récent 8ème congrès de Lyon (28-30 mars 2008) était consacré aux pratiques informationnelles des jeunes, thématique que vous interrogez à juste titre sur ce blog. La Fadben a aussi élaboré des outils d’aide à la conception de séquences d’apprentissage tels que le référentiel de compétences élève publié en 1997, devenu une référence en matière d’apprentissages documentaires, et, en 2007, le corpus didactique de savoirs scolaires en information-documentation. Cette réflexion professionnelle à contribué à l’émergence de la didactique de l’information, celle-ci trouve aujourd’hui une assise scientifique dans les travaux menés par l’ERTé « Culture informationnelle et curriculum documentaire » pilotée par Annette Béguin et rattachée à l’université de Lille3.
Pour répondre à la question que vous posez : « comment faire pour que les élèves puissent développer une analyse critique de l’image et de l’information diffusée sur Internet ? », il me semble qu’il faut en passer par un enseignement identifié en tant que tel, formalisé par un curriculum intégrant les contenus d’enseignement à développer, les modalités de leur mise en oeuvre dans le système scolaire, ainsi que les situations d’apprentissage et d’évaluation de ses apprentissages à prévoir.
Pour prévenir les risques liés à l’utilisation d’Internet et à la diffusion de plus en plus foisonnante d’une information non validée autant qu’incontrôlable, il faut certes une législation et la mise en place de protections pour les jeunes, mais je crois avant tout aux vertus de l’éducation et de la formation des esprits. Education qui en passe nécessairement par l’acquisition de connaissances favorisant le développement et l’exercice d’une pensée réflexive autant que critique, seule garante d’une émancipation autant personnelle que citoyenne.
Pour en savoir plus sur les travaux en didactique de l’information et sur l’action des professeurs documentalistes, voici quelques sites et références :
ERTé « Culture informationnelle et curriculum documentaire » : http://geriico.recherche.univ-lille3.fr/erte_information/
FADBEN : http://www.fadben.asso.fr/
FADBEN. « Compétences en information-documentation : référentiel » Médiadoc, décembre 1997. Disponible en ligne sur : http://ww3.ac-poitiers.fr/tpi/formanet/formatio/referenc/sommaire.htm
FADBEN. « Les savoirs scolaires en information-documentation » Médiadoc, mars 2007
Duplessis, Pascal. Site des Trois couronnes : http://esmeree.fr/lestroiscouronnes
Professeur de sciences économiques et sociales mais aussi depuis plus de 10 ans formatrice CLEMI, je considère l’éducation aux médias comme de plus en plus nécessaire, compte tenu des évolutions technologiques (web2) et économiques (gratuits..) que connaisent ceux-ci.
Régulièrement je peux me rendre compte que très très peu d’élèves connaissent le paysage médiatique (diversité des titres de la presse écrite.. ) et même si beaucoup d’entre eux font couramment des recherches sur internet et/ou “blogguent” ils ne savent pas “qui” les informent (: je l’ai trouvé sur google !!!) ou à qui ils s’adressent et font preuve d’une grande naïveté. C’est pourquoi nous devons les former à l’esprit critique et leur apprendre comment est “produit” l’information : quelles sont ses sources, comment est-elle sélectionnée, diffusée..? Quels sont les enjeux économiques, sociaux, politiques de la production de l’information en presse écrite, à la TV, sur le web.. ?
Tout cela s’apprend mais il faut être compétent pour le faire. Le débat autour du “comment” est un débat ancien et les arguments de chacun sont recevables. Personnellement je préfèrerais un cours spécifique mais se pose alors le problème de “qui le fait”, faut-il évaluer !! vaste programme !!
Bonjour,
Je travaille comme chargé d’études et de recherche à l’INRP dans l’équipe *EducTice / scénario/SPE* sur la notion de *pédagogie embarquée* Nous réfléchissons à la façon d’utiliser les technologies nomades et les réseaux numériques dans les processus d’enseignement. L’intégration de la balladodiffusion (podcast) et de la vidéo est un élément d’analyse fort notamment sur les aspects juridiques et la validation des ressources utilisées. Le blog cité en référence est un élément de réflexion sur cette thématique.
Bien cordialement.
Jean-Paul Moiraud
On sait tout de même que les professeurs font de l’éducation aux médias, et que l’Education nationale agit. D’abord, le B2i (Brevet Informatique et Internet) contient un volet consacré au bon usage des médias (”adopter une attitude responsable”) : le B2i concerne bien tous les élèves et il est même nécessaire pour l’obtention du Diplome national du Brevet (l’ex-Brevet des collèges).
Ensuite, les académies sont loin d’être insensibles à cette question, et celle où je travaille organise depuis deux ans une action “Bon usage de l’Internet” qui touche plusieurs milliers de collégiens, avec pour objectif de les rendre conscients des dangers de l’Internet et de les faire réfléchir sur leur utilisation d’Internet (web, chat, messagerie, etc.).
Une adresse :
http://www2.ac-nancy-metz.fr/quickplace/tic/PageLibraryC125714E002857AE.nsf/h_Toc/4914fb57ca10f530c1257399004a08cf/?OpenDocument (désolé pour sa longueur !) qui donne une idée de l’action menée dans l’académie)
Enfin, on ne peut ignorer les partenariats de l’Education antionale pour promouvoir des outils de sensibilisation des élèves : comment ne pas citer la remarquable campagne “Vinz et Lou”, qui propose tout un environnement pédagogique pour aider les enseignants (et les autres) à travailler sur le problème de l’utilisation d’internet avec les élèves ?
Un autre lien :
http://www.vinceetlou.net (à utiliser sans modération, et pas seulement avec le public du primaire pour lesquel il a été conçu !)
Bonjour,
La citation « chaque mois, 2,7 milliards de recherche sont lancées sur google ? Or, à qui posait-on ces questions avant google ? » est tirée de la présentation Did You Know? Shift happens, de Karl Fisch, traduite sur mon blog.
Jean-Marie Le Ray
Je ne suis pas prof mais je tiens un blog généraliste de tendance “honnête homme” dans la ligne du journal Le Monde.
Beaucoup de lycéens et étudiants viennent sur mon blog en passant uniquement par des moteurs de recherche. Ils utilisent des mots-clés, apparemment pour des devoirs à rendre (beaucoup d’interrogations sur Stendhal en ce moment).
De fil en aiguille, et parce qu’ai eu des questions sur comment traiter l’information, j’ai écrit une note sur “comment rédiger un mémoire”. Beaucoup d’interrogations là dessus. Le problème n°1 des jeunes est la méthode. Apparemment, on l’enseigne mal, voire pas du tout. Un exemple de prof de philo en lycée privé est édifiant… (billet “pour qui se prennent certains profs ?”)
Je crois qu’il faut sortir du mythe de l’éducation comme métier spécialisé. Tous les citoyens, les familles, les proches, participent de l’éducation d’un enfant et surtout d’un adolescent. L’école-qui-fait-tout, c’est fini.
A nous, adultes, de publier des blogs qui soient décents du point de vue du raisonnement, de la critique des sources et de leur mention. C’est par l’exemple qu’un ado se construit. Fort heureusement, il n’a pas que des profs en face de lui.
Comment tu peux réussir à intégrer l’utilisation de podcast et de video dans les cours avec
1. les moyens de l’éducation nationale ?
2. les habitudes de travail des élèves ?
Nul besoin de former ou d’éduquer aux médias ! L’école apporte les outils pour lire, analyser, comprendre. C’est ensuite aux élèves de mobiliser ces outils au quotidien !
Mehdi
http://impertinence-mediatique.blogspot.com/
Bonjour
Quelques mots pour vous informer que le réseau Apprendre 2.0 (regroupant à la fois des professeurs, des formateurs, des consultants, des élèves…etc…) travaille très précisément sur l’ensemble des thématiques qui vous intéressent :
http://apprendre2point0.ning.com/
Au travers de leurs échanges ils abordent l’intégration des nouvelles technologies de l’information et de la communication dans des approches multiples de formation tout au long de la vie…ces approches intègrent bien évidemment l’éducation aux médias !
Leur travaux sur les digital literacy rendent compte de la combinaison des multiples compétences à développer pour chacun !
Apporter des outils sans apprendre comment les utiliser, c’est réduire le rôle de l’école à un travail technique (voici les outils, et voici comment ils fonctionnent : le mode d’emploi). Mais l’école a un rôle d’éducation qui va bien au-delà de cette approche technicienne, elle doit aussi faire réfléchir aux implications de ces outils, pour en connaître, au-delà de l’utilisation “presse-bouton”, les dangers, les limites, pour savoir quel outil est pertinent dans telle situation, et aussi pour connaître les droits et les devoirs de celui qui se sert de ces outils – l’enfant pouvant être tour à tour victime et bourreau, trompé et trompeur. Rêver à une autoformation des élèves dans ce domaine est risqué, bien sûr, mais c’est surtout enlever à l’école l’essentiel de son rôle d’éducatrice.
je travaille à France5 et nous éditons avec le CDNP la ressource numérique qui s’appelle “lesite.tv” et qui consiste justement à permettre aux enseignants d’intégrer des vidéos dans une séquence de cours. mais l’intérêt est double, puisqu’il s’agit d’un site internet donc accessible aussi bien dans l’établissement scolaire qu’au domicile du prof et de l’élève. ce n’est pas à proprement parlé du soutien scolaire, ni même un manuel en ligne, c’est vraiment de l’éducation avec les médias. on essaie aussi de favoriser les validations du B2i via lesite.tv
le pbm vient plus souvent d’un manque de moyen en équipement des établissements que d’équipement des profs ou même de leur motivation.
avec un peu de formation, on démystifie rapidement le web dans le cadre éducatif.
DR
Comment se vit le numérique dans les écoles ? Il me semble qu’on est loin de l’éducation aux médias.
Des enseignants qui maîtrisent l’informatique utilitaire, on en trouve. Des enseignants qui pratiquent l’informatique informative, il faut les chercher.
Pourquoi ce blocage ? Je m’imagine devant une classe de 30 élèves assis devant 15 écrans connectés à l’Internet. Je dois m’assurer de 3 paramètres :
1- je maîtrise la technique,
2- le matériel est homogène et fiable,
3- je connais les risques et opportunités du média.
Comment répondre à ces exigences ?
1- l’Education nationale m’a formé pendant ma formation initiale et tout au long de ma vie. C’est l’objet du C2I expérimenté en IUFM, et qui est à la hauteur des cours dispensés à l’IUFM, c’est-à-dire lamentable. Et ce ne sont pas les Inspecteurs et autres conseillers pédagogiques qui vont relever le niveau. Le CLEMI peut occuper le rôle de formation-sensibilisation continue. Mais il suffit de lire son rapport d’activité pour se rendre compte qu’une petite partie de stagiaires est formée (25000 en 2005-2006). Donc il reste du travail dans ce domaine.
2- c’est maintenant, après la politique de terre brûlée pratiquée par l’Etat, aux collectivités d’assumer cette fonction d’achat et de maintenance du matériel.
3- au fond dans l’enseignement, l’Internet n’est qu’un outil au service de la pédagogie. C’est aux professeurs de l’adopter. On se rend compte que ceux qui utilisent l’informatique, c’est parce qu’ils s’y sont intéressés personnellement. Ils se sont fait leur propre apprentissage, dans le temps. Et c’est ce cheminement qu’ils vont proposer à leurs élèves.
Pour développer l’esprit critique, il faut au préalable donner accès à l’information. Le problème majeur bloquant les usages reste aujourd’hui la méfiance. Qui ne connaît pas rejette. Il faut donc préparer les enseignants. A partir de là, tout se décantera. Les salles informatiques s’ouvriront, les CDI deviendront de vrais lieux de recherche multi-supports…
Je ne sais pas quel forme doit prendre l’éducation aux médias : je ne suis pas pédagogue. Mais l’acquisition du réflexe critique est un travail de longue haleine, qui peut être mis en oeuvre dans toutes les matières, de façon récurrente.
L’apprentissage de la citoyenneté ne se transmet pas, il se vit. Nous avons simplement parfois besoin de quelqu’un qui stimule notre curiosité et notre capacité d’analyse.
“On ne naît pas internaute… on le devient !” est le blog d’un club informatique de collège tenu par une enseignante. Ce club édite ses travaux collectifs d’analyse du média Internet. C’est un exemple concret d’éducation aux médias, qui est malheureusement trop rare. Il reflète à lui-seul un moyen efficace d’agir : http://cicla71.typepad.com/cicla71/.
Responsable informatique collèges, Conseil général de Saône-et-Loire.
Je rejoins tout à fait Mickael sur la dimension accompagnement au long cours des enseignants et des formateurs sur l’ensemble de ces questions : il y a un vrai travail de constructions personnelles et de co-constructions à mettre en oeuvre et ce travail s’inscrit dans le temps : c’est en tout cas l’expérience que j’ai le privilège de vivre au sein de Apprendre 2.0 et Mickael a raison d’évoquer le blog de cette enseignante : comme d’autres, elle réalise un travail remarquable d’accompagnement sur le terrain et elle vient régulièrement nous faire part de ses expériences et réflexions…Pour avancer de façon réaliste, il me semble indispensable de développer des réseaux d’échanges de pratiques et de savoir, l’idéal étant qu’ils découlent d’une démarche spontannée et auto-organisée de la part des enseignants ! La démarche Apprendre 2.0 prouve que c’est possible et que les participants apprécient ce type de démarche : ils y trouvent des idées, des feedbacks, des soutiens pour avancer ensemble !
L’un des internautes fait mention de l’analyse de Philippe Meirieu sur la culture médiatique des plus jeunes et le peu de compréhension que nous en avons. Ce thème fait partie des sujets abordés lors d’un entretien que nous avons eu avec lui qui est visible en vidéo en suivant ce lien :
http://lewebpedagogique.com/videos/entretien-avec-philippe-meirieu-4-surtout-ne-pas-debrancher-lecole/
Le sujet de l’école “numérique” me parait central pour les évolutions de nos sociétés, mais comporte effectivement quelques freins qui ont du mal a être évacués depuis quelques années ; le sujet reste complexe, bien que de nombreuses théories soient développées.
Nous nous penchons spécifiquement sur ce sujet cet été lors de la 5eme édition de l’Université d’été Ludovia, notamment lors d’une conférence spécifique :
Univers virtuels, réseaux sociaux, jeux vidéo : incidences dans l’apprentissage et dans l’enseignement
Comment prendre la mesure des enjeux des technologies numériques dans le domaine de l’éducation et de l’apprentissage ? Dans les années 90, Patricia Greenfield a montré l’influence conjointe de l’enseignement, de la communication et des technologies de l’information sur le développement le QI non-verbal (Médiamorphoses, 2001). Le numérique interactif développerait la faculté de s’exprimer par des images et de comprendre des langages d’images. Depuis les années 90, leur usage s’est répandu dans toutes les strates de la vie quotidienne ; leur facettes se sont multipliées: univers virtuels, réseaux sociaux, partage de fichiers colonisent la vie amicale, affective, professionnelle, ou ludique… donnant forme graphique à ce qui reste une construction de l’esprit dans le réel… les méthodes d’analyse et d’observation doivent sonder en profondeur le phénomène dans ses dimensions culturelles, sociales, communicationnelles, imaginaires. Les approches de la sociologie, de la géographie, des sciences de l’information et de la communication, de la psychologie et des sciences de la signification se croisent pour produire une réflexion pluridisciplinaire apte à dégager les enjeux des pratiques numériques sur la perception du sujet et sa socialisation.
Modérateur & Animation : Mario Asselin Ludovia Magazine Québec et Serge Soudoplatoff -almatropie.org
Temps 1 : aspects théoriques et recherche
Intervenants pressentis : Delphine Grellier (sociologue), Thomas Gaon (psychologue), Yann Leroux (psychologue), Sebastien Genvo (SIC), Stephane Lardelier IUFM de Dijon (Contact S.FAU CDC), Stephane Gautier Edition.fr, Fanny Georges – OMNSH
Temps 2 : Retours d’expériences et cas pratiques
Serious Game, Univers Virtuels : Comment les utiliser dans l’enseignement, le e-learning ou le management des équipes, cas originaux, problématiques dégagées discussions
Natacha Trableau, documentaliste en collège et lycée
Nous savons que les sciences de l’information nécessitent des connaissances théoriques (séminaire national de Poitiers du 28 au 30 août 2006 «”De l’information à la connaissance”). Actuellement, l’éducation aux médias se fait essentiellement, au collège, sur les heures d’enseignement de français et d’éducation civique (exemple : éducation civique 4ème : la liberté de l’information, enjeux et limites’). Elle est un chapitre parmi d’autre avec l’illusion de travail bien fait apportée par le saupoudrage des connaissances.
Des heures dédiées à l’enseignement aux médias seraient indispensables mais pas une condition suffisante au développement de l’analyse critique de l’image et de l’information diffusées sur Internet. Les IDD (aujourd’hui délaissés par la plupart des établissements pour récupérer des heures de disciplines plus classiques et rassurantes) donnaient du « temps » aux élèves pour se confronter aux nouveaux médias et être entourés par des adultes lors des recherches documentaires et de l’exploitation des informations. J’entends souvent les enseignants dire que les élèves connaissent mieux l’outil informatique qu’eux et qu’il n’y a donc pas besoin de prendre du temps sur les cours pour leur expliquer les copier/coller. Au CDI, je suis donc confrontée à des élèves qui viennent sur les heures d’études pour rechercher des informations sur un sujet, sans réflexion préalable et qui sans intervention individuelle prendrait la première réponse offerte par le moteur de recherche google (souvent wikipédia)’ Le B2I permet de faire avancer cette éducation aux médias en validant des compétences documentaires (domaine 4) ; encore faut-il que cela soit véritablement intégré dans toutes les pratiques. Aussi une progression des compétences documentaires « officielle » me paraît nécessaire pour donner une impulsion supplémentaire au sein des établissements.
un petit lien vers le site qui vient d’ouvrir :
http://www.ecoles-internet.net/
qui se propose d’évaluer les pratiques web dans les écoles et d’attribuer un label
heureuse initiative ou dérive du web2 à vouloir tout faire évaluer par les internautes?
Damien
Je rejoins entièrement le point de vue de Damien sur les dérives d’une culture de l’évaluation !
Nous avons eu une discussion passionnnante à ce sujet très récemment au sein du réseau Apprendre 2.0 : je vous invite à en prendre connaissance ici :
http://apprendre2point0.ning.com/forum/topic/show?id=945551%3ATopic%3A17529
La plupart des commentaires que je viens de lire assimilent éducation aux média, formation à la citoyenneté et esprit critique. Certes, c’est bien là que l’on trouve finalité de cette éducation aux média.
Je trouve qu’on se paye de mots en invoquant le fameux esprit critique ou la fameuse citoyenneté sans autre précision. Ceux-ci ne se forment pas en un jour, ni en un an, ni parce qu’on aura procéder à la critique de quelques articles, sites ou quotidiens. Ils sont plutôt un acquis de l’âge adulte, lié à des choix philosophiques personnels. Pour éveiller les élèves et les amener se prendre en charge, il conviendrait de savoir sur quoi esprit critique et esprit citoyen sont fondés. Les quelques propositions ci dessous sont loin d’être exhaustive.
- L’esprit d’analyse des sources et de la qualité du raisonnement. Celui-ci devrait être travaillé en classe avec tous les professeurs en fonction de la scientificité de leur discipline.
- Mais il me semble surtout que la conscience que *toute information quel qu’en soit le support est le résultat de choix et d’une mise en scène* ainsi que la connaissance des contraintes de tous ordres (technique, juridique, économique’) *qui pèsent sur la production d’information*, nourrirons utilement cet esprit critique et cet esprit citoyen. Il s’agit là de savoirs à transmettre et pas seulement d’un comportement.
Ces connaissances porteraient bien entendu vers les média de masse, Internet, et les média au sens du pluriel de médium, à l’anglo-saxonne, c’est à dire l’ensemble des supports d’information y compris le livre qui est moins neutre que l’on pense.
Il faudrait des spécialistes pour mener un travail de fond sur ces aspects. Ne les cherchez plus ;=) ! Vous avez en la personne des *professeurs documentalistes* qui exercent en lycée et collège, des personnels qui ne demandent qu’à travailler ces aspects avec les élèves. Ils le font déjà dans d’assez mauvaise conditions. Ils attendent le signe de confiance de confiance de leur institution. Ils ont entamé une réflexion didactique sur la formation info-documentaire pour améliorer leur approche des élèves. Ils sont prêts.
A propos d’une culture humaniste du Monde, nous nous lançons dans un projet de blog de profs durant la période des examens avec LeMonde.fr
http://bac2008.blog.lemonde.fr/
Qu’en dites vous ?
Un dossier très intéressant sur le sujet sur le site du magazine “Regards sur le numérique” :
http://www.regardssurlenumerique.com/dossier-ecole-futur.aspx
aujourd’hui de moins en moins de jeunes vont à la bibliothèque , tout se fait sur internet
La question posée au niveau de l’Ecole peut l’être tout autant au niveau de l’Université.
Je suis PRCE en Documentation (= professeur documentaliste nommée dans le Supérieur). Comme nos collègues professeurs documentalistes en Collèges et Lycées, ce sont justement les PRCE en Documentation qui devraient être prioritairement chargés (ce n’est actuellement pas le cas) d’enseigner aux étudiants en LMD une utilisation judicieuse et critique des nouveaux médias de formation et d’information ; cela serait à faire en coordination efficace avec les Maîtres de Conférences en Sciences et Techniques de l’Information et de la Communication et avec les IUFM.
A l’heure du numérique, il faut avoir conscience plus que jamais des dangers d’un savoir à la fois “préemballé”, éclaté, canalisé, conditionné et conditionneur.
Une éducation à l’analyse critique et la contextualisation devient de plus en plus nécessaire dans un environnement où les nouvelles technologies détruisent d’anciennes frontières du savoir pour bâtir de nouveaux périls, très peu perceptibles au premier abord et d’autant plus insidieux.
Besoin de spécialistes en éducation à la Documentation / Information à l’Ecole et à l’Université ? Faites appel aux professeurs documentalistes !
En effet les jeuns utilisent des sites sur internet tye wikipedia etc…
la bibliothèque ce “ringardise”
Bon article, très interressant, je vous félicite vivement pour votre blog.
je vous souhaite une bonne continuation et longue vie à votre site
à bientôt
frank
je pense sincérement que l’école ne peut pas tout apporter et deja l’éducation de base prend énormément de temps,toutefois il est vrai qu’il faut que les jeunes puissent etre guidé pour les nouvelles technologie ,mais pour cela a l’heure actuelle les écoles publiques ne sont pas encore formé pour !
Alors heureusement le web existe non sans danger certes pour nos jeunes,mais avons nous vraiment d’autres choixê
J’ai lu le dossier Regards sur le numérique
l’article école du futur vraiment interressant !
Les enfants sont devenus de plus en plus habiles avec internet et ils commencent jeunes et c’ est très bien, l’association comme instrument pédagogique est nécessaire, avec une formation des enseignants dans ce domaine. On ne peut être à la traine avec ces technologies du futur.