La semaine dernière, je suis parvenu à avancer dans ma réflexion sur la maîtrise d’Internet. En un après-midi, j’ai auditionné Agnés Vincent-Deray, conseillère du CSA chargée de la protection de l’enfance, Dahlia Kownator, délégué générale de l’Association des fournisseurs d’accès et des services Internet, Chritian Aghroum, chef de l’Office central de lutte contre la criminalité liée aux technologies de l’information et de la communication, Françoise Mougin, représentant la FCPE, Christine du Fretay, présidente d’e-enfance et Julien Borde, directeur des programmes Jeunesse de France 3.

J’en ai tiré deux convictions : la première c’est qu’Internet ne sera jamais contrôlé et que la réponse face à ses dérives, c’est l’éducation. Et la deuxième, c’est que ce n’est pas une raison pour ne rien faire et qu’il est nécessaire que les acteurs d’Internet discutent entre eux du contenu de la toile et de son éventuelle régulation (parler de maîtrise est en fait présomptueux, voire dangereux).

On peut parler de régulation sans être liberticide : il ne s’agit pas d’interdire mais de concilier les objectifs de liberté de contenu et de protection de la jeunesse.

Plusieurs moyens ont été évoqués : le rôle de l’êtat qui doit faire respecter les lois et notamment assurer le respect de la dignité humaine (mission de l’OCLCTIC), celui des hébergeurs, qui ont un rôle de surveillance des contenus dévolu par la loi sur la confiance dans l’économie numérique (voir à ce titre, l’intérêt de la plate-forme www.pointdecontact.net mise en place par les membres de l’AFA) et celui des utilisateurs d’alerte des pouvoirs publics.

Mais c’est bien tous ensemble que ces acteurs doivent interagir. L’êtat seul ne pourra rien faire et même sa légitimité pourra être contestée. Le cadre que l’on donne aux contenus numériques doit donc être défini par une grande pluralité d’acteurs.

Comment réguler Internet ? En corégulant.

Alors que le CSA est devenu une plate-forme de dialogue essentielle pour l’audiovisuel, aucune instance n’existe pour les contenus numériques, qui pourrait rendre davantage légitimes les décisions prises en matière de régulation. Je suis donc favorable à un CSA du numérique, dont les formes seraient à définir, mais dont le but serait clairement d’engager un dialogue dépassionné et constructif sur l’outil Internet et ses usages.