J’ai reçu jeudi dernier Dominique Versini, la Défenseur des enfants, qui a travaillé sur la protection des mineurs sur Internet. Elle considère que les mineurs constituent un cible privilégiée « car ils sont des usagers de plus en plus précoces et intenses des nouveaux outils de communication ». J’ai trouvé intéressant un certain nombre de préconisations qu’elle a formulées et il me semble bon de les mettre en débat.
Elle propose tout d’abord que soit imposée la signalétique jeunesse sur les programmes diffusés en vidéo à la demande. Au vu du potentiel de développement de la VoD, Il me semble que cela est nécessaire, ou alors on doit abandonner toute idée de signalétique. Par ailleurs, les horaires liés à la signalétique posent problème dès lors que l’on parle de programmes que l’on peut visionner sur Internet toute la journée. Il pourrait être envisagé que ces émissions ne puissent être vues que pendant les horaires autorisés. Toutefois, dans la pratique, cette option semble peu crédible (les programmes déconseillés au moins de 12 ans sont en effet théoriquement interdits avant 22 heures, mais il y a des exceptions selon les jours de la semaine) et risquerait en fait d’encourager les jeunes à télécharger ces programmes de manière illégale. Je pense donc que la proposition de la défenseure des enfants est la plus pertinente.

Dominique Versini propose aussi de clarifier le régime juridique de la collecte, de l’utilisation et de la conservation des données personnelles mises en ligne sur les réseaux sociaux (MySpace, Facebook, copainsdavant’). S’agissant des adolescents, l’idée est déjà d’introduire des messages de précaution destinés à les sensibiliser sur les dangers potentiels des échanges d’informations personnelles disponibles à tous et collectables (photographies, textes intimes). Pour l’ensemble des internautes, c’est la question de l’avenir et de l’utilisation des informations en cas de désabonnement qui doit être posée.

La dernière interrogation est sur les logiciels de filtrage, qui ont le mérite d’exister mais qui sont confrontés aux difficultés du « surblocage », à savoir que les logiciels les plus efficaces empêchent les jeunes d’accéder à un certain nombre de sites très utiles, comme le Fil santé jeunes, financé par des fonds publics, ou des sites sur la pédopsychiatrie’ Le problème est en fait qu’aucune autorité de recours n’est aujourd’hui compétente pour imposer la sortie d’un site de la liste noire d’un opérateur. Encore, une fois, l’idée du CSA de l’Internet, instance de régulation, réapparaît. Les lois de l’automne, notamment sur les droits d’auteur seront à n’en point douter l’occasion d’aborder le débat sur la nécessité et la nature d’une telle autorité.