La semaine dernière, j’ai rencontré les représentants de la FABDEN (fédération des enseignants documentalistes de l’éducation nationale) et notamment Mme Françoise Albertini, sa présidente, qui m’a livrée sa réflexion sur la mission pédagogique des documentalistes.

Ce qu’il faut savoir, c’est que les documentalistes sont des professeurs certifiés : il existe un CAPES de documentaliste depuis 1989. Ils ont forcément une réflexion sur les médias et sur tous les moyens de communication, puisqu’en tant que gestionnaires du Centre de documentation et d’information, c’est l’une de leurs deux tâches essentielles.

Leur problème pour l’instant est qu’ils ont développé leurs compétences « documentation », mais que leurs moyens de jouer un rôle en matière d’information sont très faibles : les documentalistes n’ont pas d’enseignement ni de véritable rôle institutionnel auprès des élèves. Ils sont en fait davantage documentalistes que professeurs…

Ce constat prolonge ma réflexion, déjà engagée dans un autre billet, selon laquelle l’éducation aux médias est très insuffisante. Les représentants de la FABDEN ont au demeurant confirmé mes impressions sur ce point : Internet a substitué « une jungle informationnelle », selon les mots de Mme Ivana Ballarini, à l’information conventionnelle délivrée par les « anciens médias » et les élèves ne se posent pas de questions sur la validité de la source. Thierry Adnot, vice-président de la FABDEN a bien souligné quant à lui que les élèves l’utilisent naturellement comme un outil de communication plutôt que comme une source d’information.

La conséquence naturelle de ces constats est que l’éducation aux médias doit être renforcée et que les professeurs documentalistes, dont la spécificité est mal reconnue, doivent y jouer un rôle central. Puisqu’il existe un contenu spécifique (réflexion sur les sources, apprentissage de la lecture et de l’analyse de l’information), un temps spécifique pourrait être consacré à l’éducation aux médias, sous la responsabilité du professeur documentaliste, idéalement dans le CDI, sous la forme de modules de formation prodigués pendant une partie de l’année.

Je le répète, mais j’en suis convaincu : le contrôle de l’usage des nouveaux médias par les jeunes sera forcément limité, et il n’y a point de salut en dehors de l’éducation, donc de la responsabilisation. Il ne faut donc pas hésiter un instant à insérer, dans le cadre de la réforme de lycée, un module obligatoire de formation aux nouveaux médias pour les élèves de seconde, première et de terminale. C’est probablement l’une des meilleures voies de préparation des élèves aux études supérieures, et plus globalement à leur vie de citoyen.