J’ai auditionné, hier soir, le délégué général de l’ADCF, Nicolas Portier. Je retiens de cette rencontre que l’association qui représente les intercommunalités reconnaît elle-même que la zone dense de l’Ile-de-France nécessite un traitement particulier et que le droit commun de l’intercommunalité n’est pas une solution adaptée.
Les communes de cette zone dense ont le plus souvent une taille critique pour exercer leurs missions et il existe, par ailleurs, déjà des grands syndicats techniques comme le STIF qui font que le débat sur l’intercommunalité n’a pas le même sens qu’ailleurs.
Nous avons passé en revue l’ensemble des scénarios possibles pour imaginer ce Grand Paris. Je vous en reparlerai prochainement.
Philippe Dallier
Commentaires
Chaque arrondissement parisien aurait aussi la taille
critique pour accomplir sa mission si on va dans ce
sens là. Il y’a dans l’agglomération un grand nombre
d’acteurs : des collectivités locales, l’Etat, des
organismes telles la RATP, le STIF…des syndicats, ce
qui fait qu’en fait on ne sait pas trop qui fait quoi
et qui est responsable de quoi. La confusion règne.
Une structure chapeautant l’agglomération, comme pour
toutes les grandes métropoles européennes, donnerait
une plus grande visibilité et une plus grande
efficacité à la gestion metropolitaine qui pourrait
ainsi être pleinement démocratique.
Plus encore, on peut travailler à la Défense vivre à
Saint Ouen, dîner à la Bastille, voir des amis à
vincennes. On se déplace en métro qui n’a que faire
des limites administratives, on déménage de commune en
commune. Il y’a un espace qui est grand parisien, qui
est notre espace de vie et dont on aimerait au moins
qu’il soit reconnu comme tel.
La pseudo identité francilienne n’est en rien
convaincante, l’Ile-de-France est une région à 80 %
rurale sur sa superficie, si elle reste un niveau
pertinent (Sans doute même à élargir) pour gérer la
zone d’attraction grand parisienne, elle n’est pas la
ville, la ville c’est le Grand Paris ou Paris
Métropole comme on veut, comme Londres n’est pas le
South West ou Berlin le Brandebourg. Ressusciter en
1976 une province abolie en 1790 après 350 ans
d’existence ne remplace pas une ville bi millénaire et
internationalement prestigieuse.
Un étranger consultant un guide sur Paris lira que la
ville fait 105 km2, pensera qu’il doit y avoir une
coquille car du haut de la Tour Eiffel ça lui semble
plutôt faire 1005 Km2. Il ne visitera pas la superbe
et historique Basilique Saint-Denis, pourtant
accessible en métro, ni même le Chateau de Vincennes,
car c’est au delà du périph et donc le guide ne
connaît pas, peut-être ira t’il voir tout de même La
Défense car La Grande Arche on la voit de partout…
Un français allant à Berlin lira sur le guide que
cette ville fait 8 fois Paris, allant à Londres là
c’est 15 fois Paris…
La faute aux guides ? Non c’est qu’alors que le
touriste sera quand même persuadé que La Défense fait
parti de Paris que le grand parisien vit cet espace
tout à fait concrètement il n’ y a, en dehors de
l’INSEE, aucune reconnaissance au moins nominal de ce
qui est la véritable dimension de la ville. Le
“Greater London” entre 86 et 2000, Sydney n’avaient
pas ou n’ont toujours pas de structure d’agglomération
néanmoins il y avait ou il y’a encore une entité
officielle qui reconnaît l’existence de ces espaces de
vie et c’est ça qui fait référence pour définir la
ville dans sa réelle dimension.
Quelque soit les modalités techniques de
l’organisation du Grand Paris, je crois vraiment que
la première chose à faire et de reconnaître
officiellement ce bassin de vie. En soi c’est déjà
beaucoup, c’est simple et ça ne pourra que faciliter
les négociations entre les différents acteurs locaux
car ils appartiendront à une métropole enfin reconnue
et elle devra être compétitive face à Londres, Berlin,
New-York ou Shangaï et non plus face aux
Hauts-de-Seine à Paris ou à la commune voisine.
Bref il faut concrétiser ce véritable sentiment d’appartenance.
Si je plaide pour la constitution d’un Grand Paris, véritable collectivité locale de plein exercice, c’est bien parce que je partage votre point de vue sur le besoin d’une identification forte du coeur de l’agglomération parisienne.
Mais cela n’est pas incompatible avec le fait de reconnaître que les communes sont encore et toujours un élément très fort d’identification pour tous les Français. La commune, en première couronne parisienne, et l’intercommunalité ailleurs, sont le véritable échelon de proximité.
Au dessus, je considère que le département a vécu et qu’il convient rapidement de lui substituer une autre entité, plus large, permettant de traiter les problèmes à la bonne échelle.
Philippe Dallier