Invité de RTL, le président de la République a considéré que la gouvernance de l’île-de-France n’était pas satisfaisante et s’est déclaré favorable à leur évolution.
Voici les extraits de l’intervention du chef de l’Etat concernant le Grand Paris :
A. Duhamel : Alors, sur un sujet complètement différent, le RER A. Bon, pour les provinciaux, ça concerne quand même un million de Franciliens chaque jour, ça se passe particulièrement mal, c’est particulièrement inconfortable, et vous avez dit que vous alliez vous en occuper personnellement. Qu’est-ce que ça veut dire ? Vous allez mettre une casquette et puis vous installez aux commandes ?
Merci, mais je peux peut-être quand même m’installer aux commandes sans casquette. Mais enfin, si la casquette vous fait plaisir, pourquoi pas. La ligne RER A ce n’est pas n’importe quelle ligne. Savez-vous que c’est la ligne la plus fréquentée du monde : presque 1,1 million passagers chaque jour ? Ca fait quinze ans que j’entends dire qu’elle est vétuste, que les gens sont entassés comme des sardines et que ça ne va pas. Et qu’est-ce que je constate ? Un dialogue, un débat où chacun rivalise d’immobilise et de conservatisme et que, alors que chacun sait que sur cette ligne il faudrait mettre des RER à deux étages, parce que l’avantage du deux-étages c’est qu’on met davantage de monde, et qu’en même temps ça ne coûte pas plus cher, et ça ne se fait pas. Alors, j’ai demandé’ hier, avec le Premier ministre, nous avons eu une réunion avec le Premier ministre, le ministre Bussereau, les dirigeants de la RATP et ceux de la SNCF, puisque vous savez que les RER c’est à la fois RATP et SNCF, et nous avons décidé que la RATP mettrait la moitié du financement de la modernisation de la ligne RER A.
J.-M. Aphatie : « La moitié », c’est-à-dire ?
La moitié, c’est environ 500 millions, mettons entre 250 et 300 millions. La moitié du financement, nous le débloquons. Et je demande au Syndicat des Transports Parisiens de faire sa part du travail et de mettre l’autre moitié pour que le travaux de modernisation commencent tout de suite, qu’on commande les nouvelles rames et d’ici à douze ans, l’ensemble des passagers puissent en bénéficier. Mais ce n’est que le début, Monsieur Duhamel, parce que moi je considère que tout ça ne fonctionne pas bien et qu’il y a un problème de gouvernance.
C. Hondelatte : Oui, parce que moi j’adore vous entendre parler de choses pratiques comme ça, mais est-ce que c’est vraiment le rôle du président de la République de commander des rames à deux étages ?
Ah bon, parce que vous trouvez qu’une ligne de RER fréquentée par 1,1 million personnes c’est pas digne du président de la République ? Ah bon !
C. Hondelatte : Parce que, je veux dire qu’il y a des gens qui sont là pour s’en occuper et qui n’ont pas fait leur job.
Ok ! Le président de la République il doit s’occuper de la principale ligne de transports en commun. J’ajoute que la politique que nous mettons en mettre avec F. Fillon c’est une politique qui donne la priorité aux transports en commun. Comment puis-je être crédible sur la priorité aux transports en commun et laisser des joutes politiques politiciennes qui prennent en otage une ligne de RER ?
J.-M. Aphatie : Qui n’a pas fait son travail ?
A. Duhamel : Vous pensez à qui ?
J.-M. Aphatie : Qui n’a pas fait son travail ?
Ecoutez, pour moi, il y a un problème de gouvernance dans la région Ile-de-France et je ne mets en cause personne.
J.-M. Aphatie : Vous visez le président de la région ?
Non.
J.-M. Aphatie : Il va se sentir visé, vous le savez.
Peut-être, mais enfin il ne devrait pas.
J.-M. Aphatie : Il va répondre.
Encore que, je ne peux pas être le seul responsable de ce qui ne va pas en France quand même alors que je suis Président depuis treize mois. Moi, je veux bien avoir les épaules larges, mais enfin je ne peux pas être le seul à assumer les responsabilités. On ne peut pas non plus vouloir être président de la région, maire de Paris, dirigeant de collectivité territoriale et dire : « excusez-moi, ce n’est pas ma faute, c’est les autres », bon, mais peu importe. Ce qui compte c’est que nous avons une région parisienne de 12 millions d’habitants, si on continue comme ça, on ne fera aucun des travaux d’infrastructures dont la région francilienne a besoin. Je prends un exemple, moi, je crois beaucoup au projet que j’ai appelé le Grand Paris que je veux faire en accord avec le maire de Paris, le président de la région. Mais regardez, je voudrais qu’on crée une véritable Silicon Valley sur le plateau de Saclay. Mais sur le plateau de Saclay, il n’y a pas de ligne de bus, il n’y a pas de ligne de métro. Comment on peut faire ? Cela fait des années que j’entends dire qu’il faut un deuxième périphérique en région parisienne, je suis tout à fait opposé à ce qu’on fasse un deuxième périphérique, et d’ailleurs pour la voiture je me demande où on le ferait. En revanche, on peut créer un périphérique de transports en commun, soit une ligne de métro qui ferait la grande circonférence parisienne, soit une ligne tramway, peu importe. Si l’Etat ne s’y met pas, comment ça va avancer ? Je voudrais qu’on crée une ou deux nouvelles villes, pas “villes nouvelles”, nouvelles villes, écologiques, où il fait bon vivre.
C. Hondelatte : C’est quoi la différence entre “ville nouvelle” et “nouvelle ville” ?
Tout simplement, la “ville nouvelle” c’est une ville avec tous ses défauts qu’on met dans un nouvel endroit, la “nouvelle ville” c’est une ville’
C. Hondelatte : ‘ elle n’aura pas de défaut.
Non, ce n’est pas qu’elle n’aura pas de défaut, c’est une ville qui tire les conséquences des évolutions architecturales, qu’on tourne le dos à toutes les folies des années 60, qu’on fasse de cette ville la ville du développement durable, avec des énergies renouvelables, avec des transports en commun, avec des gens qui soient heureux d’y vivre, avec un habitat individuel, bon. Si on ne fait pas ça, comment on va le faire ? Alors ce n’est que le début d’une réflexion, C. Blanc en est chargé et je poserai la question de la gouvernance. Parce qu’aujourd’hui, personne ne sait qui décide. Et quand on ne sait pas qui décide, il y a toujours quelqu’un qui a la force de dire non et personne qui a la force de dire oui. Et sur l’affaire du RER A, il y a quelque chose qui est extraordinaire, tout le monde est responsable – je n’accuse personne, parce que chacun fait son travail dans des conditions pas simples – mais personne n’est responsable. Mais qui est otages de ça ? Ceux qui prennent la ligne de RER A et qui n’en peuvent plus et qui disent pourquoi cela ne marche pas ? Alors vous dites c’est curieux, le président de la République s’en mêle. Mais ce qui serait curieux c’est que le président de la République ne s’en mêle pas.